Union européenneArmement: Bruxelles propose de faciliter les achats communs
Mardi, la Commission européenne a proposé un important crédit pour acheter des armements en commun, afin de reconstituer des stocks diminués par la guerre en Ukraine.
La Commission européenne a proposé, mardi, aux États membres un financement européen de 500 millions d’euros (quelque 495 millions de francs) sur deux ans pour faciliter des achats communs d’armements, afin de reconstituer en urgence les stocks diminués par le soutien à l’Ukraine.
Les États membres «ont puisé dans leurs stocks de munitions, d’artillerie légère, voire lourde, de systèmes de défense antiaériens ou antichars ou même de blindés et de chars. Cela a créé de facto une vulnérabilité qu’il s’agit désormais de combler en urgence», a expliqué le commissaire européen Thierry Breton lors d’une conférence de presse.
Priorité aux missiles aériens
La priorité sera donnée à l’achat de missiles aériens portables, de missiles antichars portables, de canons de 155 mm et de leurs munitions. «Il faut aller vite, vu l’état des stocks nationaux», a-t-il plaidé. Mais les États membres conservent une «liberté totale» pour leurs achats, a-t-il précisé. «La commission ou l’UE n’achèteront pas à proprement parler d’armement. Le budget de l’Union n’est utilisé que pour inciter les États membres à coopérer.»
«Cela permettra de mieux dépenser l’argent public et de renforcer notre base industrielle européenne», a souligné Thierry Breton. «Notre proposition complète le Fonds européen de défense qui se concentre sur la recherche et le développement» et est doté de 8 milliards d’euros pour la période 2021-2027, a-t-il indiqué.
Appel à «devenir pérenne»
Le nouvel instrument est doté de 500 millions d’euros sur deux ans, soit la période 2023 à 2024, mais il est appelé à «devenir pérenne avec une ampleur plus importante», comme ce fut le cas pour le Fonds européen de défense, a précisé Thierry Breton. «L’Europe s’est désarmée depuis vingt ans par rapport à tous les autres continents. Par rapport aux États-Unis, à la Russie, à l’Inde, à la Chine, nous sommes le seul continent à avoir baissé nos investissements», a-t-il rappelé.
Les États membres se sont engagés à consacrer 2% de leur PIB à leurs dépenses de défense, mais seulement sept d’entre eux (Grèce, Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie, Croatie et Slovaquie) ont atteint cet objectif en 2022. La France est à 1,90%, l’Italie à 1,54%, l’Allemagne à 1,44% et l’Espagne est avant-dernière de la liste à 1,01%.
Depuis une vingtaine d’années, le déficit collectif cumulé «par rapport à cet objectif de 2%» atteint 1300 milliards d’euros, «et cela se sent dans nos stocks», a relevé Thierry Breton.