LausanneNuisances à l’aéroport de la Blécherette: tout va très bien, selon Berne
Pour le Conseil fédéral, le bruit des avions est dans la norme, tout comme le nombre de mouvements chaque année. Il répondait à l’interpellation de Sophie Michaud Gigon (Verts/VD) suite aux plaintes de riverains excédés par les nuisances sonores.
- par
- Christine Talos
On s’en souvient: l’association de défense des riverains de la Blécherette avait publié au début de cet automne un livre blanc pour dénoncer les nuisances sonores et le non-respect du cadastre d’exposition, selon eux, au bruit de l’aéroport de la Blécherette, à Lausanne. Un cadastre établi en 2009 sur la base des avions utilisés en 2001 et en fonction des affectations de l’époque. Mais pour les riverains, la situation a fondamentalement changé et ils se plaignaient de la hausse du nombre d’avions bruyants. Au point que la conseillère nationale Sophie Michaud Gigon avait interpellé le Conseil fédéral à ce sujet. Celui-ci vient de répondre à la Verte vaudoise. Et ses réponses ne vont sans doute pas plaire aux riverains.
L’élue demandait d’abord à Berne si le cadastre d’exposition était encore en vigueur. Dans sa réponse, le Conseil fédéral explique que celui-ci se basait sur 45’000 mouvements par année. Et ces trois dernières années, il n’y a eu «que» 36’500 mouvements en 2018, 39’000 en 2019 et 35’800 en 2020. Il affirme en outre «que les analyses du trafic aérien réalisées en 2020 montrent que l’exposition au bruit est actuellement inférieure de 3 décibels à la valeur mentionnée par le cadastre». Rien ne permet aujourd’hui de conclure que les exigences ne sont pas respectées, conclut-il.
Une réponse qui fait bondir l’élue qui ne trouve pas normal que Berne prenne l’année 2020, année de la pandémie, comme année étalon pour ses analyses. En outre, la Vaudoise s’étonne des différences des résultats avec les mesures effectuées par les riverains eux-mêmes pendant plusieurs mois.
Dérogations en hausse
Sophie Gigon Michaud soulignait aussi dans son texte les nombreux mouvements observés hors des heures d’ouverture usuelles de l’aérodrome. Berne rétorque que le règlement d’exploitation autorise la direction à délivrer des dérogations. Des dérogations qui ont été accordées 41 fois en 2018 et 43 fois en 2019, écrit le Conseil fédéral. L’année 2020 a vu un retour à la normale avec 21 dérogations, selon lui.
Berne explique aussi que le règlement pose des exigences pour réduire le bruit du trafic arien aux périodes critiques et que plusieurs avions basés à la Blécherette ont été modifiés pour abaisser leur niveau sonore. À l’image des Pilatus PC-12, vivement critiqués par les riverains. Mais le Conseil fédéral explique que leur niveau sonore est inférieur de 8 décibels à la valeur limite déterminante pour la certification. «Leur bruit est à mettre en lien avec sa masse au décollage, plus importante que celle des avions de tourisme exploités à Lausanne», rappelle-t-il encore. Et affirme en outre que le calcul de l’exposition au bruit de l’aéroport prend en compte aussi des avions nettement plus bruyants qui se posent presque jamais à Lausanne.
Sophie Michaud Gigon prend acte. Mais remarque que Berne ne répond pas au fait que le trafic se fait de plus en plus en direction du sud, soit sur la ville, l’un des problèmes principaux soulevé par les riverains.
Des pilotes étrangers peuvent s’entraîner Lausanne
L’élue avait aussi interrogé Berne au sujet de deux simulateurs installés dans un hangar existant alors que des recours ont été déposés contre leur installation dans un nouveau bâtiment. Le Conseil fédéral rétorque qu’une autorisation provisoire de 3 ans a été délivrée dans l’attente de trouver une solution viable pour les simulateurs.
Enfin, Berne s’explique sur le fait que des pilotes d’armées étrangères vont être amenés à s’entraîner à la Blécherette. Le Conseil fédéral confirme être au courant: l’entreprise Pilatus construit des avions d’entraînement pour des clients civils et militaires, explique-t-il. Et d’ajouter que les pilotes qui suivent ces formations en Suisse doivent obtenir une autorisation du Département de la défense via le protocole militaire. Une réponse jugée également très légère par Sophie Michaud Gigon.
On l’aura compris: la conseillère nationale vaudoise n’est de loin pas satisfaite des réponses fédérales. Selon elle, l’OFAC est «complètement déconnecté» des nuisances subies par les riverains et se cache derrière ses chiffres. «Il lui manque une sensibilité liée aux problèmes sur le terrain, surtout dans une zone en pleine mutation comme le sont les hauts de Lausanne», estime-t-elle. Elle va se concerter après les réponses de la ville et du canton pour savoir si elle va donner suite à ce dossier, à Berne.