Jura bernoisSes chiens de protection dérangent des voisins
Les moutons d’un éleveur sont rentrés au village pour passer l’hiver, avec leurs protecteurs qui continuent d’aboyer.
- par
- Vincent Donzé
Pour protéger des moutons contre le loup, il y a la théorie et la pratique: en disposant trois chiens autour de son troupeau à Monible (BE), l’éleveur Ronald Sommer s’est d’abord fait reprocher leur comportement: «Attention! Chiens agressifs!!!» a écrit un mécontent sur un écriteau. Maintenant que ses moutons ont quitté les pâturages pour revenir au village, leurs aboiements dérangent dans le voisinage.
Dans un courrier daté du 7 novembre, le Conseil communal de Petit Val s’est adressé à l’éleveur: «Nous avons reçu des réclamations concernant les aboiements de vos chiens», est-il reproché. Avec cette précision: «Il semblerait en effet que ceux-ci aboient jour et nuit».
Limiter les nuisances
Ronald Sommer est invité à «prendre les mesures nécessaires pour remédier à ce problème et limiter les nuisances» provoquées par ses chiens. Les autorités sollicitent la «collaboration» de l’éleveur, mais Ronald Sommer est exaspéré: «Merci à ces voisins qui votent à gauche mais ne tolèrent pas les chiens de protection», a-t-il réagi sur Facebook.
Pour Ronald Sommer, ceux qui se plaignent de ses chiens sont issus de «cette gauche qui tire à boulet rouge sur le conseiller fédéral Albert Rösti, depuis qu’il a présenté la nouvelle ordonnance fédérale sur la chasse avec son plan de régulation du loup».
Se faire rembourser
«Vous voulez quoi? Il n’y a pas de mesure efficace à 100%, mais les chiens sont une assurance contre un loup qui franchirait une clôture électrique, tout en permettant aux propriétaires de se faire rembourser en cas d’attaque», explique l’éleveur de Monible.
Maintenant que ses 450 moutons sont redescendus des pâturages d’estivage, que deviendront ses chiens? «Nous ne voulons pas abandonner lâchement nos chiens de protections, comme le font bon nombre d’autres gens avec leurs animaux de compagnie avant de partir en vacances», assène Ronald Sommer.
Placer ses chiens
Les bergers anatoliens sont proches des animaux qu’ils protègent: «Les moutons sont leur famille: une intimité et une complicité se sont créées», indique Ronald Sommer. Pas question pour lui de placer ses chiens dans un chenil.
Ronald Sommer assure que ses chiens n’aboient que «quand quelque chose passe par là», comme une voiture au ralenti. «Ils font leur travail, je les entends aussi», affirme-t-il en observant leur comportement depuis sa véranda. La semaine prochaine, les moutons seront à l’étable, mais les chiens seront toujours là.
S’adresser à lui
L’éleveur s’adresse à ceux qui prônent un retour à la nature: «Soyez plus cohérents et moins égoïstes, faites preuve de compréhension et acceptez vos parts de contraintes», écrit-il, en suggérant aux mécontents de s’adresser à lui directement.
Des bergers d’Anatolie, Ronald Sommer en a acheté deux en France quand ils avaient deux mois. Scotch et Sanga ont maintenant deux ans et une petite Pépette est née au printemps. Dans leur pâturage d’estivage bordant un chemin, ces chiens n’ont mordu personne, mais ils poursuivaient les randonneurs et les écoliers en aboyant.
Calmer les esprits
Dans une commune mixte favorable au tir du loup, le maire Willy Pasche n’entre pas dans cette problématique. Le problème qu’il décèle à Monible, petit paradis de verdure, c’est qu’il y a «peu d’habitants et beaucoup de chiens», d’où l’expression d’un ras-le-bol. Le rôle qu’il s’attribue, c’est de calmer les esprits et de chercher un modus vivendi.
Willy Pasche ne demande pas à Ronald Sommer d’abandonner des chiens, mais de chercher un consensus: «Une solution pragmatique consisterait à les placer derrière un rural», suggère-t-il. «Quand on prend des chiens utiles en été, on prévoit quoi faire en hiver», ajoute-t-il. La lettre adressée à l’éleveur est la même que celle destinée précédemment à un chenil, par souci d’équité.
Secrétaire de l’Association suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs, Ronald Sommer prévoit d’apporter la problématique hivernale des chiens de protection devant l’Office fédéral de l’environnement.