Guerre en Ukraine«Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j’ai vécu toute ma vie»
Dans Kherson reprise ou à Kiev, les Ukrainiens célèbrent le repli des forces russes de la ville du sud, tandis que la police débute les opérations de déminage.
Au lendemain de la reprise de la ville de Kherson par les Ukrainiens, la police était samedi sur place pour déminer et documenter des «crimes» imputables à Moscou dans la grande ville du sud, dont la perte constitue un revers de taille pour le Kremlin.
Feu de joie
Kherson, annexée fin septembre par Moscou, avait été la première grande ville à tomber après l’invasion russe déclenchée fin février. Sur des images diffusées par les forces armées de Kiev, on y voit au loin, dans l’obscurité, des Ukrainiens dansant en ronde, autour d’un feu, au rythme de «Chervona Kalyna», un chant patriotique.
Après huit mois d’occupation par les forces russes, les programmes de la télévision nationale sont à nouveau visibles à Kherson. Et le fournisseur d’énergie de la région a annoncé qu’il travaillait à rétablir l’approvisionnement en électricité. Une vidéo postée sur Telegram par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présentée comme venant de Kherson, montrait aussi des militaires ukrainiens se disant de la «28e brigade» acclamés dans la nuit par une foule scandant «V-C-U», l’acronyme des forces armées ukrainiennes.
«Victoire extraordinaire»
Quelque 200 policiers ont été déployés à Kherson pour ériger des barrages et documenter «les crimes des occupants russes», a annoncé le chef de la police nationale, Igor Klymenko, dans un communiqué. Il a également alerté les habitants de la ville sur la présence de mines laissées par les forces russes, les appelant à «se déplacer avec précaution». Selon Igor Klymenko, un policier a été blessé lors d’une opération de déminage dans un bâtiment à Kherson.
Une femme et deux enfants ont été blessés par une explosion près de leur voiture dans le village de Mylove, dans la région de Kherson, selon la police, qui a également fait état de bombardements russes sur le district de Berislav. «Il y a des morts et des blessés», affirme la police, sans plus de détails. Le retrait russe de Kherson marque «un nouvel échec stratégique» de la part de Moscou, s’est réjoui le ministre de la Défense britannique Ben Wallace dans un communiqué publié samedi. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a qualifié de «victoire extraordinaire», «tout à fait remarquable», la reprise de la ville par l’armée de Kiev. «Aujourd’hui est un jour historique», s’était félicité Volodymyr Zelensky vendredi soir.
«Enfin ma ville libre»
Ce repli russe est le troisième d’ampleur depuis le début de l’invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d’être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre. Vendredi soir, sur l’emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale ont fêté la nouvelle dans la liesse. «Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j’ai vécu toute ma vie», dit les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues. «Quand ils (les Russes) sont arrivés, c’était l’horreur, on ne savait pas ce qu’il se passerait le jour d’après, si on resterait en vie», témoigne la lycéenne de 17 ans, qui se dit «en état de choc».
Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé «le redéploiement» de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n’avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire. Ce repli a toutefois tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l’annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.