FootballSion saura-t-il se rappeler d’où il vient?
Quitte à devoir vivre une saison en Challenge League, les Valaisans en ont tiré le meilleur. Une base saine est posée. Sur laquelle il s’agira à présent de construire.
- par
- Florian Vaney
L’intérêt découle de la diversité. Il n’existe pas un unique bon modèle pour réussir dans le football. Mais il en existe des mauvais. Ces 24 derniers mois, le FC Sion a pu visiter l’entier de ce spectre. Il a cru bon de faire confiance aux apparences, au mouvement perpétuel et à la polémique en 2022/2023. Il en a payé les conséquences par une relégation. Il s’est appuyé sur la stabilité, le travail et la communion populaire cette saison. Le voilà de retour en Super League.
En cette heure de fête, le plus grand exploit du club valaisan vient peut-être de l’écho qu’il a su donner au discours prononcé par Barthélemy Constantin au lendemain de la relégation de juin dernier. Les mots d’alors du directeur sportif sédunois semblaient lancés au peuple dans un idéalisme feint. Promettre un avenir rose en vivant un présent noir, cela paraissait facile. Cela sonnait creux, aussi. Un entraîneur pour du long terme, de l’argent savamment utilisé, moins d’agitation en coulisses. Oui Bart’, oui…
Visiblement, il fallait y croire.
Lorsqu’on est un club ambitieux, qui compte dans le paysage footballistique suisse, la Challenge League possède ses avantages. À commencer par celui de pouvoir se muer en chemin vers le succès, pour autant qu’on s’y prenne bien. Rien de mystique là-dedans: il est plus facile d’obtenir trois points contre Nyon ou Bellinzone qu’à Saint-Gall ou à Bâle. Alors, pas par pas, visite du Brügglifeld après déplacement à Colovray, Sion a renoué avec le succès. Certes plus modeste que celui qu’on peut obtenir en Super League. Mais il était temps de prendre un bon bain de modestie en Valais. Et de ramener un peu de positivité autour du club.
Vient alors une question. Le FC Sion saura-t-il se rappeler d’où il vient, à l’heure de préparer la suite? Il ne s’agit pas de se montrer rigide d’esprit: s’il entend exister dans l’élite, Sion devra changer des choses, se renforcer, grandir. D’une certaine manière, il peut se servir du cas Stade Lausanne Ouchy, son bourreau de la saison dernière. Le SLO était cette équipe qui a forgé son succès en accueillant des joueurs revanchards, souvent de divisions inférieures. Avec une réussite folle jusqu’à la Super League. Puis en se rendant compte des limites de la méthode avec la relégation de cette saison.
Penser son effectif par le bas
Contrairement aux Lausannois, Sion a les moyens de s’offrir d’autres débouchés. Avec un budget de 22 à 23 millions articulé par Christian Constantin dans Blick, il peut se payer un taulier par ligne. Il le doit, même. Parce que l’équipe actuelle souffrirait trop sur la durée d’un championnat de Super League. Quand bien même elle a prouvé être capable de battre Grasshopper et Young Boys en Coupe de Suisse.
Reste que Sion, cette saison, a osé modeler une importante partie de son effectif «par le bas». Il a rappelé Théo Berdayes (Yverdon), il a fait venir Ali Kabacalman (Yverdon), il a confié le poste de latéral gauche à Nias Hefti (Thoune). Trois maillons importants de la remontée, que les Valaisans étaient allés chercher en Challenge League.
Comme pour prouver que le FC Sion s’est trouvé durant ses mois de purgatoire, il est déjà question des futures arrivées de Dejan Djokic (Vaduz) et de Valmir Matoshi (Thoune). Au fond, l’une des plus grandes réussites en termes de transferts récemment en Valais ne s’appelle-t-elle pas Filip Stojilkovic, acheté à Aarau, revendu à Darmstadt? Et son pire échec ne se nomme-t-il pas Mario Balotelli?
Encore une fois, il n’y a pas de solution toute faite, de modèle miracle. Mais ces 24 derniers mois ont livré trop d’indications au FC Sion pour qu’il agisse comme s’il ne savait pas. Si son gargantuesque projet présenté en janvier voit le jour, il se dotera d’une académie toute neuve en 2026 et d’un stade dernier cri trois ans plus tard. De quoi se repositionner au cœur de paysage footballistique du pays. Même si l’histoire retiendra peut-être que la phase la plus importante de son développement, Sion l’a vécue lors de son année de Challenge League.