EspaceUne start-up japonaise échoue à se poser sur la Lune
L’engin d’une start-up japonaise, qui tentait de devenir la première entreprise privée à réussir à se poser sur la Lune, s’est probablement écrasé lors d’un «alunissage brutal».
- par
- François Treuthardt
«Il a été conclu qu’il y a une forte probabilité pour que l’alunisseur ait finalement effectué un alunissage brutal sur la surface» du satellite naturel de la Terre, a déclaré mardi ispace dans un communiqué, indiquant que les ingénieurs de la start-up s’affairent à comprendre les raisons de cet échec. La start-up avait annoncé plus tôt avoir perdu le contact avec l’engin au moment prévu de son atterrissage.
L’alunisseur du programme Hakuto-R, qui était depuis un mois en orbite à quelque 100 kilomètres au-dessus de la Lune, avait commencé sa descente vers la surface lunaire environ une heure plus tôt. Une manœuvre complexe qui était réalisée entièrement automatiquement.
Tout semblait se dérouler comme prévu, mais après le moment planifié de l’atterrissage, vers 16 h 40 GMT mardi (18 h 40 en Suisse), plusieurs dizaines de minutes d’attente anxieuse ont suivi, lors desquelles les équipes de l’entreprise ont tenté de rétablir la communication avec l’alunisseur, en vain.
«Même si nous ne pensons pas réussir l’alunissage cette fois, nous estimons que cette mission s’est révélée être d’une grande importance, grâce à l’acquisition de nombreuses données et d’expérience», a déclaré le patron et fondateur de la start-up Takeshi Hakamada. «Ce qui est important, c’est d’utiliser ces connaissances et cet apprentissage pour la Mission 2 et les suivantes», a-t-il ajouté.
La start-up prépare deux nouvelles missions pour tenter de se poser sur la Lune, et ce revers n’y changera rien, a défendu le patron d’ispace.
Le succès de cette mission était loin d’être garanti. En avril 2019, l’organisation israélienne SpaceIL avait ainsi vu sa sonde s’écraser sur la surface de la Lune. Jusqu’ici, seuls les États-Unis, la Russie et la Chine ont réussi à faire atterrir des robots sur la Lune, située à environ 400’000 km de la Terre. L’Inde avait également tenté en 2019 de faire atterrir une sonde, nommée Vikram, mais celle-ci s’était écrasée.
«Rovers» à bord
Mesurant 2 mètres sur 2,5, l’alunisseur avait été lancé en décembre depuis la base américaine de Cap Canaveral, en Floride, à bord d’une fusée de SpaceX. Il transportait plusieurs petits véhicules lunaires, dont un modèle miniature japonais développé par l’Agence spatiale nippone en collaboration avec le fabricant de jouets Takara Tomy. Un autre véhicule lunaire («rover») construit par les Émirats arabes unis se trouvait également à bord.
Ce pays du Golfe, nouveau venu dans la course à l’espace, a envoyé une sonde orbitale vers Mars en 2021. Si son petit véhicule de 10 kilos, nommé Rashid, avait réussi à être déployé, il aurait réalisé la première mission lunaire du monde arabe.
Le projet Hakuto («lapin blanc» en japonais) de la firme japonaise était l’un des cinq finalistes de la compétition internationale Google Lunar XPrize, qui s’était achevée sans vainqueur, aucune compagnie n’ayant réussi à faire alunir un robot avant la date fixée (2018). Deux autres entreprises, les sociétés américaines Astrobotic et Intuitive Machines, devraient décoller plus tard cette année pour tenter d’atterrir sur la Lune.
Ces missions sont réalisées en partenariat avec la Nasa, qui entend développer l’économie lunaire et a chargé des entreprises privées de transporter du matériel et des expériences scientifiques jusqu’à la Lune.
L’agence spatiale américaine prévoit, avec son programme Artémis, de refaire atterrir des astronautes sur la surface lunaire dans les années qui viennent, d’y établir une base, et de construire une station spatiale en orbite autour de la Lune. Le Japon et les États-Unis ont annoncé l’an dernier vouloir coopérer pour envoyer un astronaute japonais sur la Lune d’ici à la fin de la décennie.