FootballLe FC Sion n’aime rien moins qu’avoir le feu aux fesses
Ce n’est pas l’idéal mais c’est ainsi: les Valaisans ont besoin d’être dans le dur pour offrir la meilleure version d’eux-mêmes. Et voilà que l’occasion se présente de solder un «passé présent» encombrant dès mercredi.
- par
- Nicolas Jacquier Zurich
Le désert absolu, personne, pas le moindre supporter à l’horizon, des caisses sans file d’attente… En arrivant en début d’après-midi devant le Letzigrund, on s’est surpris à se demander subrepticement si le match n’avait pas été renvoyé en raison de la Fête des mères.
Depuis que Grasshopper a dû quitter le Hardturm en 2007 pour emménager - provisoirement, paraît-il - dans le stade du rival honni, la greffe n’a jamais pris. Hormis un dernier carré de sympathisants, les supporters des Sauterelles n’ont jamais supporté cette proximité géographique avec l’«ennemi», le couronnement du FCZ ne faisant que renforcer ce décalage.
Évoquer l’idée d’un décalage, c’est aussi parler de celui dont se nourrit le FC Sion, sombrant quand il a l’occasion de s’échapper – et de voir la vie sous un prisme plus léger –, mais réussissant chaque fois à retrouver très opportunément la niaque qui le caractérise quand la menace se rapproche.
Vivre dangereusement pour affirmer son identité
C’est le propre de ce club non conventionnel et déroutant de ne pas vivre normalement. Au fil du temps, ses joueurs y puisent une sorte de non-conformisme et de délectation à ne jamais rien faire comme les autres jusqu’à s’en réjouir. À Tourbillon, disputer une saison tranquille serait presque considéré comme un échec. Non, ce qu’il faut, parce que c’est là son péché mignon, c’est se mettre tout seul dans la gonfle pour mieux en ressortir – vivre dangereusement pour affirmer son identité, sans trop toujours savoir de laquelle il s’agit.
Sion compterait-il plus de 10 points d’avance sur la place de barragiste qu’il finirait immanquablement par devenir un candidat. Il ne s’est d’ailleurs pas passé autre chose ce printemps quand on l’a vu galvauder les 11 points qu’il possédait encore sur Lucerne au début mars, laissant filer plusieurs balles de maintien en jouant à se faire peur, ce qu’il affectionne par-dessus tout.
Autant de points de rupture qui balisent chacune de ses saisons depuis quatre ans, ce qui suppose un certain don à se relever de tout, y compris du pire, à condition de l’avoir auparavant côtoyé. Comme s’il lui fallait attendre d’avoir le feu aux fesses pour montrer sa vraie nature et son sens du surpassement afin d’échapper aux fantômes qu’il a semés sur son chemin.
Comme par enchantement, ce FC Sion branché sur l’alternatif a su se remobiliser ce dimanche au Letzigrund pour maintenir à distance son dangereux poursuivant de Suisse centrale. Contre Grasshopper, le match qui aurait pu être celui de tous les dangers s’est transformé en une libération fêtée comme telle.
Changer sans trop changer
Ces dernières saisons, Sion avait dû patienter jusqu’à la dernière journée, voire passer par la case barrages comme il y a 12 mois, pour valider sa présence dans l’élite helvétique. Or voilà qu’il a l’opportunité de classer l’affaire dès mercredi avec une victoire contre Lucerne synonyme de maintien. Ses joueurs se sont déjà suffisamment compliqué la tâche pour éviter de nous inventer une nouvelle variante. Le maintien, c’est maintenant!
Définitivement sauvé, le club valaisan aurait ainsi tout loisir de préparer la saison 2022-2023, qui doit être celle du renouveau. Ce qui passe par l’affirmation d’une équipe abandonnant ses éternels balancements émotionnels pour mieux investir dans ses qualités de cœur - déjà présentes par intermittence - et de jeu (elles peuvent exister, rêvons). Sion aurait tout à gagner en devenant ce qu’il s’interdit d’être, ce qui implique forcément un nouveau cadre pour y exprimer ses différences. Changer sans trop changer pour ne pas renier ses gènes, c’est tout l’enjeu qui l’attend.
L’arrivée programmée de Pablo Iglesias doit y contribuer. En attendant, il y a une finale à remporter!
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