Hockey sur glaceÀ Gottéron, la situation ne doit pas être dramatisée
Pour les anciens joueurs fribourgeois Alain Miéville et Valentin Wirz, l’élimination des Dragons dès les préplay-off de National League ne mérite pas une révolution totale.
- par
- Chris Geiger
Cinq jours après la fin de saison prématurée du Lausanne HC, un autre club romand a vu son exercice prendre fin de manière abrupte. Battu jeudi soir à Lugano (2-0), FR Gottéron a été éliminé – en deux petits actes – dès les préplay-off de National League par des Tessinois qui en voulaient bien plus.
Si les Dragons se retrouvent en vacances début mars déjà, c’est avant tout en raison d’une fin de saison totalement ratée. Depuis la dernière trêve internationale, les hommes de Christian Dubé ont ainsi perdu sept de leurs dix dernières sorties, préplay-off inclus. Une série noire qui a installé le doute sous les casques fribourgeois.
«Contre Lugano, ça s’est joué à pas grand-chose, reconnaît Alain Miéville, formé à Saint-Léonard entre 1998 et 2004. Lors de l’acte II, Gottéron a eu des occasions. Je pense notamment à celle de Mottet en power-play. S’il marque, ça change la donne. Les Fribourgeois étaient malheureusement en manque de confiance. La saison dernière, ils auraient converti ce genre d’actions. Mais il faut aussi donner du crédit à Lugano.»
Inconstance fatale
L’autre explication à ce terrible échec saute aux yeux: un manque de régularité au niveau des résultats, qui a précipité Gottéron (7e) du mauvais côté de la barre au pire des moments et obligé le pensionnaire de la BCF Arena à disputer une série de préplay-off de tous les dangers. Laquelle s’est finalement avérée être fatale.
«Au vu de la saison dans sa globalité, je ne peux pas dire que cette élimination soit une grosse surprise, avance Valentin Wirz. Il y a plusieurs fois durant la saison où Fribourg est complètement passé à côté de ses matches, où il ne montrait pas une immense sécurité et stabilité, surtout contre des équipes moins bien classées. Je pense notamment aux rencontres contre Langnau. Fribourg pouvait faire un super résultat le vendredi et passer complètement à côté de son match le samedi.»
Consultant à «Radio Fribourg», l’ancien international suisse, 399 apparitions avec les Dragons durant sa carrière, a pointé du doigt le manque de cohésion – voire d’entente – au sein de l’effectif fribourgeois. La construction de l’équipe, avec notamment le gros renouvellement de la brigade étrangère et l’arrivée de Christoph Bertschy, a visiblement remodelé l’équilibre du vestiaire.
«De l’extérieur, en intégrant ces nouveaux joueurs, on ne voyait pas du tout le même esprit de corps que celui présent la saison dernière, poursuit Wirz. Dans le hockey moderne, c’est la principale chose à faire pour avoir du succès. Il faut créer un groupe et sentir que les gars sont là les uns pour les autres. Cet esprit d’équipe m’a un peu manqué. Et c’est ce qui faisait la force de Fribourg la saison dernière. Je ne suis pas sûr que l’intégration de toutes ces nouvelles têtes a été complètement réussie. C’est une question de mentalité. C’est le rôle de l’entraîneur de créer un groupe uni, mais aussi celui des capitaines et vétérans.»
En ce sens, la double fonction occupée par Christian Dubé – entraîneur en chef et directeur sportif depuis 2019 – commence-t-elle à montrer ses limites? Pour Alain Miéville, la réponse tend vers la négative. «Je ne pourrais pas dire que c’est la fin d’une ère, dit l’ancien joueur de Lausanne, Bienne ou La Chaux-de-Fonds. Par exemple, Genève avait été éliminé en préplay-off la saison dernière. Puis, cette année, les Aigles ont fini premiers car ils ont pu compter sur des étrangers incroyables. Du coup, Jan Cadieux a été prolongé. Il ne faut donc pas tout remettre en question, ni dramatiser.»
Les objectifs n’ont toutefois pas été atteints sur les bords de la Sarine. Et de loin. Mais pour Valentin Wirz, il ne faut pas balayer d’un revers de main tout ce qui a été mis en place à la BCF Arena au cours des dernières années. La (non) qualification pour les play-off ne s’est-elle pas jouée à une seule petite unité?
Avec ou sans Dubé?
«Le constat d’échec, Christian Dubé l’a déjà fait à chaud, reprend l’ancien attaquant. Le club va dans une certaine direction depuis plusieurs saisons désormais. En ce sens, je ne suis pas certain qu’il faille tout reconstruire, ni tout jeter aujourd’hui. Il faut plutôt se poser les bonnes questions. À mon avis, il faut continuer avec le groupe actuel, poursuivre dans la même direction et démontrer une certaine stabilité. On en a besoin dans le sport pour performer. Mais il faudra faire des ajustements à certains postes. La marge de manœuvre n’est toutefois pas énorme.»
Avec 24 joueurs sous contrat pour la cuvée 2023-2024, FR Gottéron possède d’ores et déjà un noyau dur. Avec quel technicien sur le banc? «La grande question est effectivement de savoir si Christian Dubé souhaite garder ses deux casquettes, s’il est essoufflé ou pas. Avant de savoir ce que veut le club, il faut savoir ce que veut l’homme.»
Les entretiens entre le staff et chaque joueur puis les discussions entre le groupe d’entraîneurs et les dirigeants prévus dans les prochains jours doivent permettre de déterminer la meilleure stratégie à adopter pour le club fribourgeois.