Tensions – Le spectre d’une offensive russe en Ukraine grandit

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TensionsLe spectre d’une offensive russe en Ukraine grandit

La crainte d’une escalade militaire en Ukraine est à son paroxysme mardi soir, alors que le président Biden a évoqué «le début d’une invasion».

Un soldat ukrainien sur la ligne de front, mardi 22 février 2022.

Un soldat ukrainien sur la ligne de front, mardi 22 février 2022.

AFP

Le feu vert mardi du Parlement russe à une opération militaire en Ukraine est «le début d’une invasion» du pays, a dénoncé le président américain Joe Biden, en dévoilant de premières sanctions contre Moscou, comme ses partenaires occidentaux.

La crainte d’une escalade militaire en Ukraine, aux portes de laquelle 150’000 soldats russes ont, selon Washington, été déployés, est à son paroxysme depuis que Vladimir Poutine a reconnu lundi l’indépendance des entités sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk.

Le président russe est «en train d’élaborer des justifications pour aller beaucoup plus loin», a déclaré Joe Biden dans une adresse à la nation, 24 heures après la décision majeure de son homologue. «Il est encore temps d’éviter le pire», a-t-il cependant ajouté.

À Moscou, le vice-ministre de la Défense Nikolaï Pankov a lu devant le Sénat une demande du président russe de déployer des troupes dans les entités de Donetsk et Lougansk, au motif qu’une «armée (ukrainienne) de 60’000 hommes et de blindés lourds» serait prête à attaquer.

Évacuation des diplomates russes

Juste après avoir reçu l’accord des élus, Vladimir Poutine a dénoncé une fois encore les exactions que Kiev commet d’après lui contre les séparatistes du Donbass. Il a laissé planer le doute sur le calendrier de l’envoi de forces armées, en réclamant une «démilitarisation» de l’Ukraine, qui ferait «mieux» de renoncer à son ambition de rejoindre l’Otan pour choisir la «neutralité».

«Je n’ai pas dit que nos soldats vont y aller là, maintenant (…) Cela dépendra, comme on dit, de la situation sur le terrain», a-t-il déclaré. Juste après, la diplomatie russe a annoncé l’évacuation prochaine de ses diplomates d’Ukraine. Vladimir Poutine a aussi revendiqué pour les séparatistes l’ensemble des régions administratives de Lougansk et de Donetsk, dont la superficie dépasse largement celle des territoires sous leur contrôle.

Il a évoqué d’hypothétiques «négociations» entre Kiev et forces prorusses. L’intervention russe serait justifiée légalement par la ratification mardi d’accords d’entraide, notamment au plan militaire. Et Moscou a aussi établi des relations diplomatiques avec les deux régions.

Premières sanctions

L’Otan s’attend à «une attaque massive» de la Russie en Ukraine, a annoncé dans ce contexte son secrétaire général, Jens Stoltenberg. Sans attendre, les Occidentaux ont pris de premières sanctions en réaction à la reconnaissance des séparatistes que Kiev combat depuis huit ans, un conflit qui a fait plus de 14’000 morts.

La mesure la plus spectaculaire a été annoncée par Berlin, qui a gelé le gigantesque projet de gazoduc Nord Stream II, qui devait acheminer encore davantage de gaz russe en Allemagne. À la Maison-Blanche, Biden a lui annoncé une «première tranche» de sanctions visant à empêcher Moscou de lever des fonds occidentaux pour rembourser sa dette souveraine. Elles viseront également des banques russes et certaines «élites» du pays.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pour sa part annoncé qu’il ne rencontrerait pas comme prévu son homologue russe Sergueï Lavrov, jeudi à Genève. Le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé une «série de sanctions» économiques contre la Russie «jusqu’à ce que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit rétablie».

L’UE a adopté un paquet de sanctions qui «feront très mal à la Russie», a assuré le chef de sa diplomatie, Josep Borrell. Et le premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé des sanctions visant trois oligarques proches du Kremlin et cinq banques russes, des mesures a minima pour Londres, la place forte financière des grandes fortunes russes.

(AFP)

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