«Thor», amourette et éclairs mignons

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En salles dès mercredi«Thor – Amour et tonnerre»: guère épais

Le deuxième volet des aventures du dieu asgardien vues par Taika Waititi en remet une couche dans l’humour. Qu’est-ce qui peut mal tourner?

Jean-Charles Canet
par
Jean-Charles Canet

Même réalisateur-scénariste (Taika Waititi), même interprètes principaux, même humour tantôt pince sans rire tantôt bon enfant, «Thor: amour et tonnerre», nouveau rejeton de l’univers étendu Marvel, se place dans la droite lignée d’un «Thor: Ragnarok» (2017) dont le changement de ton par rapport aux deux volets précédents nous avait à l’époque agréablement surpris: on se souvient d’avoir ri à gorge déployée être sorti de la salle les zygomatiques en position «sourire optimal».

Mais alors que «Ragnarok» donnait dans le loufoque dès sa première séquence, «Amour et tonnerre» s’ouvre sur une note tragique: sur une planète désertifiée, un homme désespéré (Christian Bale) tente de sauver sa fille de la déshydratation. Il n’y parvient pas. Parvenu devant une oasis «magique», il tombe sur un dieu jouisseur et découvre que celui en qui il croyait se fiche comme d’une guigne du sort de son peuple. Possédé par une entité noire, le papa endeuillé en devient l’instrument et tue le dieu égoïste. Éradiquer tous les dieux de l’univers devient alors son master plan. Gorr est né. Ce sera le méchant du film.

La dernière bande-annonce de «Thor: amour et tonnerre».

2022 Marvel Studios.

Changement radical par la suite. On retrouve Thor (excellent Chris Hemsworth) encore affecté par la mort de son frère Loki et son échec de ne pas avoir pu empêcher Thanos de claquer des doigts dans «Avengers: Infinity War»). Il s’est refait un physique mais son mental est à reconstruire et ce n’est que mollement qu’il contribue à soulager de leurs problèmes courants quelques peuplades incommodées par de menus furieux envahisseurs. Heureusement, il se voit informé du plan cosmique de Gorr. «Grrr!» fait-il en son for intérieur. Dès lors Waititi, qui, dit-on, a disposé pour cet épisode d’une quasi-carte blanche, s’en donne à cœur joie dans la dérision et l’absurde. Une fois de plus, Thor en prend pour son grade.

Coucou, revoilà Matt

Tout cela est loin d’être déplaisant, surtout si on a aimé «Ragnarok». Les gags s’enchaînent mais ils se répètent, on les a déjà vus pour la plupart dans l’épisode précédent (le caméo théâtral de Matt Damon, notamment). Surnage une délicieuse séquence au sanctuaire des dieux grecs avec un bel exercice d’autodérision de Rusell Crowe dans le rôle de Zeus, ce dernier sachant élégamment relever sa jupe en descendant des escaliers divins.

Et puis il y a les scènes d’actions, passages obligés régurgités par un département numérique soumis aux cadences infernales et à la standardisation. Peut-être est-ce notre lassitude qui parle, mais on a l’impression qu’ils sont toujours plus laids d’épisode en épisode. L’argent est là, mais la direction artistique semble avoir été confiée à une intelligence artificielle au cerveau de fonctionnaire. L’esthétique ultra kitsch de «Ragnarok» semblait au moins assumée. 

Sous le maquillage de Gorr

Enfin, il y a le scénario qui tente sans y parvenir de donner à Jane Foster (Natalie Portman), la petite amie de Thor dans les épisodes 1 et 2, un rôle proéminent mais qui oublie de donner à Gorr toute autre substance que celle accordée lors du prologue. Christian Bale, n’a plus alors que son maquillage, excellent au demeurant, pour grimacer . Un peu comme Lee Pace, qui incarnait le méchant des «Gardiens de la galaxie», premier du nom. De grands acteurs à qui on ne laisse pas grand-chose à mâchouiller.

De «Thor: amour et tonnerre», on ressort essoré, le ventre lourd faute de parvenir à digérer la bouillie numérique et les lèvres sèches. À notre sens, ce luxueux pas de côté est une pièce de plus qui jonche l’impasse créative dans laquelle se sont enferrés la plupart des films Marvel de l’après Thanos.

Jeff, reviens!

Nul doute que certains rieurs parviendront à se satisfaire de cet épisode. Pour notre part, Taika Waititi n’est pas parvenu à maintenir le subtil équilibre qu’il était parvenu à instaurer tout au long de «Ragnarok». Et puis Jeff Goldblum, rayon de soleil comique de l’épisode précédent, nous a manqué.

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