FootballSilvan Widmer a-t-il réglé la concurrence à droite?
Auteur d’une saison pleine avec Mayence, l’Argovien est en pleine confiance. Le duel avec Kevin Mbabu au poste de latéral semble avoir tourné à son avantage.
- par
- Valentin Schnorhk Bad Ragaz
Dans l’histoire récente de l’équipe de Suisse, il y a sans doute eu un tournant: la défaite 3-0 contre l’Italie au Stadio Olimpico lors du deuxième match de l’Euro. Sèche, nette. Logique. La sélection alors dirigée par Vladimir Petkovic filait droit dans le mur. En coulisses, les pontes de l’ASF planchaient déjà sur l’avenir. Le baroud d’honneur de l’ancien patron de l’équipe nationale a commencé à cet instant-là. Avec deux «victimes»: Fabian Schär et Kevin Mbabu, titulaires lors des deux premières rencontres. Et puisque tout s’est formidablement enchaîné, Steven Zuber et Silvan Widmer n’ont plus jamais été contestés.
Le second en a d’ailleurs tiré un certain crédit. C’est notamment sur la base de ses performances lors des trois rencontres qui ont suivi à l’Euro que le latéral droit a pu s’ouvrir les portes de la Bundesliga, avec Mayence. L’Argovien de 29 ans vit désormais son conte de fées: «J’ai vécu une saison très positive, peut-être la meilleure que j’ai jouée dans ma carrière, acquiesce-t-il. J’ai disputé tous les matches de championnat, à l’exception du dernier, parce que j’étais un peu malade.» Rien que ça. Avec des statistiques plutôt flatteuses, qui plus est: titulaire à chacune de ses apparitions, il a inscrit quatre buts et délivré cinq passes décisives.
La comparaison avec Mbabu
«L’entraîneur (ndlr: Bo Svensson) m’a poussé dès le premier jour, il m’a tout de suite fait confiance, détaille l’ex-Bâlois. Nous jouons un football qui correspond à mes qualités, avec des courses très intensives et des extérieurs qui doivent être offensifs.» Avec son système en 3-5-2, où Widmer occupe donc le couloir droit, Mayence a ainsi terminé la saison à une honorable huitième place de Bundesliga. Cela tranche avec le douzième rang d’un Wolfsburg où Kevin Mbabu a été réduit à un rôle très intermittent, jusqu’à ne presque plus jouer en fin de saison.
Parce qu’à l’heure où l’équipe de Suisse s’apprête à disputer quatre matches importants de Ligue des nations (en République tchèque, au Portugal et contre l’Espagne et le Portugal), la comparaison s’impose d’elle-même. Y a-t-il encore une concurrence au poste de latéral droit en équipe de Suisse? En Bundesliga, comme le démontre le graphique ci-dessus, Mbabu n’a pas à rougir de ses prestations. Du moins sur le plan statistique, compte-tenu de son temps de jeu relativement maigre (Widmer a joué plus du double de minutes).
Reste qu’en équipe nationale, depuis la prise de fonction de Murat Yakin, Silvan Widmer a été titulaire à huit reprises, sur les dix matches dirigés par le successeur de Petkovic. Il n’a été absent que contre le Kosovo en mars dernier. A une seule occasion, Yakin lui a préféré Mbabu, lorsque ce dernier était également disponible: lors du match de qualification contre l’Irlande du Nord (2-0) en octobre à Genève. Et, contre la Bulgarie, pour la victoire 4-0 qualificative au Mondial, le sélectionneur avait pris le parti d’aligner les deux, Widmer étant positionné comme latéral gauche. Le genre d’élément qu’on ne peut pas sortir?
«Il y a une concurrence avec Kevin Mbabu, atténue Widmer. Kevin est un très bon joueur, il l’a déjà prouvé. Nous jouons les deux en Bundesliga, et nous avons démontré les deux que nous sommes capables de performer à haut niveau. Mais il est clair qu’en équipe nationale, tout le monde veut jouer. Et je pense qu’avec ces quatre matchs à venir, tout le monde pourra montrer ses qualités.» Il faut en effet s’attendre à voir un partage des rôles, entre le joueur formé à Aarau et celui qui a grandi Servette. Sur la base de quels critères? «Nous avons un profil un peu différent, observe le premier. Kevin est un peu plus fort physiquement, moi tactiquement. Mais je me concentre sur moi-même, pour toujours faire mieux.»
«Un rôle important»
A 29 ans et 28 sélections, Silvan Widmer transpire la confiance. Au point d’arriver en équipe de Suisse avec des certitudes. Bien loin de son statut d’éternel vient-ensuite, qui l’avait amené à être biffé à deux reprises de la sélection, au pire des moments. Tant pour l’Euro 2016 que pour la Coupe du monde 2018, c’est en effet lorsqu’il avait fallu ramener la liste à vingt-trois sélectionnés que Petkovic avait renoncé à lui. Le genre de mésaventure qui ne devrait plus lui arriver: «Je suis content de jouer enfin un rôle important en équipe nationale, cela a toujours été un rêve pour moi, lâche-t-il. J’ai eu des moments difficiles par le passé. Mais cela fait deux ans que ça se passe bien. Et je suis simplement fier d’en faire partie.»
Tout est plus simple à vivre, lorsqu’on se sent considéré. D’autant que Yakin lui doit une fière chandelle, puisque c’est aussi grâce à Silvan Widmer qu’il a pu mener la Suisse au Mondial. Son fameux but en Italie avait permis à la Suisse de croire à la qualification directe. Tiens, là aussi, c’était à l’Olimpico.