Haut-Valais: 50 ans pour assainir? Elles disent non à la Lonza

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Pollution dans le Haut-ValaisCinquante ans pour assainir? Elles disent non à la Lonza

Face à une volonté de la Lonza d’assainir la décharge de Gamsenried sur un demi-siècle, les organisations environnementales se fâchent.

Eric Felley
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Eric Felley
La décharge de Gamsenried dans le Haut-Valais s’étend sur une superficie totale est de 290 000 m², soit l’équivalent de 29 terrains de football

La décharge de Gamsenried dans le Haut-Valais s’étend sur une superficie totale est de 290 000 m², soit l’équivalent de 29 terrains de football

Vs.ch

«La décharge chimique de Gamsenried de la Lonza est une défaillance chronique. Elle fuit depuis des décennies, pollue la nappe phréatique avec la très dangereuse benzidine et porte atteinte à l’eau potable. C’est pourquoi, un assainissement est urgent». Dans un communiqué commun, les associations environnementales Médecins en faveur de l’environnement (MfE), Groupement haut-valaisan pour l’environnement (OGUV), Pro Natura Haut-Valais et le WWF ont dénoncé ce matin le laxisme qui prévaut autour de l’assainissement de la décharge de Gamsenried.

Ceux qui ont décidé seront morts en 2072

Le propriétaire des lieux, le groupe pharmaceutique Lonza, prévoit en effet une durée de 50 ans pour réaliser l’ensemble de l’assainissement: «C’est une période surréaliste, dénoncent les associations. Qui saura en 2072, si la Lonza a terminé de nettoyer, comme elle le prétend? En 2072, la majorité de ceux qui auront décidé aujourd’hui, seront décédés. Ceci signifie qu’une quantité importante de savoir sera perdue et que la prise d’une lourde responsabilité de la Lonza sera reportée, et ce, de manière inacceptable».

Une décharge unique en Suisse

L’ancienne décharge de Gamsenried – qui se situe à Gamsen vers Brigue – est un site contaminé unique en Suisse et le Valais est régulièrement accusé d’être trop passif vis-à-vis de la Lonza. Elle a aussi provoqué le départ du chef du Service de l’environnement Joël Rossier. Selon le site de l’État du Valais, elle s’étend sur une longueur de 1.3 km et une largeur maximale de 450 m et sa superficie totale est de 290 000 m2. Des déchets issus avant tout de la production chimique de Lonza y ont été déposés entre 1918 et 1978. Le volume est estimé à environ 3 millions de m³. Et le problème c’est qu’elle est située dans un secteur de protection des eaux souterraines.

Un «projet générationnel»?

L’État du Valais estime aussi que «son assainissement prendra plusieurs décennies et est par conséquent un projet générationnel. Une fois assainie, la décharge de Gamsenried ne devra plus constituer une menace pour les eaux souterraines, et ce, sans devoir maintenir le site confiné».

La Lonza en est capable quand elle veut

Mais pour les associations, il n’est pas question que la Lonza traîne les pieds aussi longtemps dans cet état d’esprit «générationnel» qui transmet cette situation aux enfants de nos enfants. Elles constatent que la société a pu créer d’énormes lignes de production de vaccins à Viège en 2020 et 2021. Malgré la grande complexité du projet, elle a mis en service les installations de production au bout de quelques mois. Bernhard Aufdereggen, président des MfE, constate que «c’est une performance de taille de la part du groupe pharmaceutique. La production de vaccins montre que la Lonza en est capable, quand elle veut».

Une situation incontrôlable

Les associations estiment que dans une période de 15 ans, Lonza doit avoir écarté tout danger de pollution: «C’est à partir de 2016, suite des travaux réalisés dans le cadre de la troisième correction du Rhône, qu’il s’est avéré à quel point la situation est actuellement, en partie, intenable et incontrôlable autour de la décharge de Gamsenried. À l’époque, de grandes quantités d’eaux souterraines polluées ont été pompées de manière illicite dans le Rhône pour faire baisser le niveau de la nappe phréatique».

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