BrésilLes permis pour posséder une arme multipliés par six sous Jair Bolsonaro
Depuis son arrivée au pouvoir, le président brésilien Jair Bolsonaro, a publié plusieurs décrets pour assouplir l’accès aux armes à feu.
![Le président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasília, le 27 juin 2022. Le président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasília, le 27 juin 2022.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/1acd8962-7342-4742-b7ca-3fbc7336a839.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=6f8777c65c773ded1224a266d131e230)
Le président brésilien Jair Bolsonaro, à Brasília, le 27 juin 2022.
AFPLe nombre des citoyens brésiliens ayant obtenu un permis pour posséder une arme à feu a augmenté de 474% de 2018 à 2022, période pendant laquelle le gouvernement Bolsonaro assoupli les normes à ce sujet, selon des données publiées mardi par une ONG.
En 2018, l’année où le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu, 117’467 personnes étaient enregistrées en tant que tireurs sportifs, chasseurs ou collectionneurs (regroupés dans le sigle CAC). Ce chiffre a été pratiquement multiplié par six durant le mandat du chef de l’État, qui a commencé en janvier 2019: 673’818 personnes étaient inscrites en tant que CAC en juin 2022, selon les données de l’ONG Forum brésilien de Sécurité Publique (FBSP).
«Situation irrégulière»
«Nous avons observé une grande augmentation du nombre d’armes à feu en circulation dans le pays sous le gouvernement Bolsonaro», a confirmé à l’AFP le chercheur Renato Sergio de Lima, président du FBSP. L’ONG estime que quelque 4,4 millions d’armes sont entre les mains de particuliers au Brésil, selon les registres tenus par l’armée et la police fédérale, qui concèdent les autorisations aux civils.
«Le problème, c’est que près d’un tiers de ces armes à feu (1,5 million) sont en situation irrégulière, l’autorisation (censée être renouvelée régulièrement) n’ayant pas été renouvelée dans les délais», explique le chercheur. Si les autorisations sont périmées, il est impossible de savoir si les armes ont été détournées pour être utilisées par des criminels, avertit l’ONG.
Depuis son arrivée au pouvoir, Jair Bolsonaro, ancien capitaine de l’armée, a publié plusieurs décrets pour assouplir l’accès aux armes à feu, permettant notamment de posséder davantage d’armes et d’acheter plus de munitions. Certains de ces décrets sont en cours d’analyse par la Cour suprême, qui doit décider s’ils sont constitutionnels ou non.
«Violence extrême»
Dans son Annuaire de la sécurité publique, le FBSP a recensé 47’503 homicides au Brésil en 2021, une baisse de 6,5% par rapport à l’année précédente. Mais l’ONG rappelle que le plus grand pays d’Amérique latine vit encore une situation de «violence extrême»: «en 2020, un cinquième des homicides volontaires de la planète ont eu lieu au Brésil», qui compte seulement 2,7% de la population mondiale (213 millions d’habitants).
Le nombre d’homicides a baissé dans toutes les régions du pays, sauf le nord, où se trouve l’Amazonie (+7,9%). La région amazonienne, où le journaliste Dom Phillips et l’expert Bruno Pereira ont été tués le 5 juin, concentre 13 des 30 villes qui compte les taux d’homicides les plus élevés du pays. La capitale d’État brésilien la plus violente du pays est Macapa, dans l’Amapa, à la frontière avec la Guyane, avec un taux d’homicide de 63,2 pour 100’000.