CommentaireAffaire Berset: le soupçon joue les prolongations
Malgré un rapport qui absout le chef de la Santé de toute faute, le dossier n’est pas tout à fait clos à cause de la disparition d’e-mails sur les tractations au moment du chantage.
- par
- Eric Felley
Alain Berset a donc été blanchi mardi par l’enquête menée par les commissions de gestion des Chambres fédérales, qui ont eu accès aux documents de l’enquête pénale contre la femme qui l’a fait chanter. Pour établir leur rapport, les parlementaires ont interrogé des personnes du Ministère public de la Confédération, de son Autorité de surveillance, de l’Office fédéral de la police et de la police judiciaire fédérale. Finalement, ils ont conclu que la délicate affaire du chantage de l’ancienne maîtresse a été traitée dans les règles.
Dans la plus grande discrétion
Bien entendu, il s’agissait d’une affaire hors norme. Qu’une femme fasse chanter un conseiller fédéral 7 ans après une relation pour lui soutirer de l’argent est un scénario que personne n’aurait imaginé. À la base c’est une affaire privée, mais au vu de la qualité de la victime, elle a pris forcément un caractère public. Les protagonistes ont bien cherché à régler cette histoire dans la plus grande discrétion. Mais dans le contexte politique du Covid-19, étant donné le nombre de personnes impliquées, il fallait bien s’attendre à ce que le dossier fuite vers les adversaires d’Alain Berset.
Une dose de méchanceté
Le magazine proche de l’UDC, «Die Weltwoche», y a vu une occasion en or pour affaiblir le chef de la Santé en pleine crise de la pandémie. La virulence des attaques contre le ministre de la Santé à fin 2020 et au début 2021 avaient déjà largement dépassé les limites de la bienséance. L’affaire du chantage a permis d’augmenter encore la dose de méchanceté envers lui. Les commissions de gestion du Parlement estiment aujourd’hui que le conseiller fédéral et l’appareil politico-judiciaire ont répondu à ce chantage d’une manière adéquate.
Quelles tractations?
Cependant, certains cherchent encore prendre en défaut le ministre de la Santé à cause d’e-mails qu’il n’est plus possible d’obtenir au Département fédéral de l’intérieur. La correspondance entre le secrétaire général du DFI et la femme condamnée a été «archivée» comme on dit. Elle doit figurer quelque part dans le dossier pénal, à l’abri des regards indiscrets. Le fait que ces documents ne soient plus ou pas accessible aux médias relance le soupçon sur la nature des tractations qu’il y aurait eu dans cette affaire.
La part des choses
D’aucuns n’ont donc pas envie de tourner la page. Les commissions de gestion du Parlement leur laissent d’ailleurs encore une chance. Dans leur communiqué de mardi, elles stipulent: «Si de plus amples clarifications devaient s’avérer nécessaires après l’adoption du rapport, elles veilleront à ce que sa sous-commission compétente s’en occupe.» Cela dit, il faudra bien tourner la page un jour et faire la part des choses entre l’engagement total du conseiller fédéral en charge de la Santé et une faille qui relève de sa vie privée.