Crise des sous-marinsBlinken reçu par Macron pour «rétablir la confiance»
Emmanuel Macron a échangé en tête-à-tête avec Antony Blinken. C’est la première rencontre du président français avec un responsable américain depuis la crise des sous-marins.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a été reçu mardi par le président français Emmanuel Macron afin de «contribuer à restaurer la confiance entre la France et les États-Unis» après la crise des sous-marins, a indiqué l’Élysée.
Le secrétaire d’État, à l’agenda duquel ne figurait qu’un entretien avec Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique de M. Macron, «a ensuite été longuement reçu en tête à tête par le président de la République», précise l’Élysée dans un communiqué, soulignant que Paris et Washington «poursuivent leur travail de coordination sur les enjeux d’intérêt commun, qu’il s’agisse de la coopération UE-OTAN, du Sahel, ou de l’espace Indo-Pacifique».
Il y a un «commun accord que nous avons une opportunité à présent d’approfondir et renforcer la coordination» entre les deux pays alliés, «mais beaucoup de travail difficile reste à faire pour identifier les décisions concrètes» qui seront soumises à Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden lors de leur rencontre prévue fin octobre, a déclaré à des journalistes un haut responsable américain.
Également de passage à Paris, l’envoyé spécial des États-Unis pour le climat John Kerry, ancien secrétaire d’État, s’est lui voulu plus rassurant, évoquant un «événement temporaire que l’on va surpasser bientôt». Ce n’est «pas une trahison» mais «une absence de communication», a-t-il plaidé lundi soir sur la chaîne BFMTV.
Le coup de froid a éclaté mi-septembre, quand le président des États-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle alliance avec l’Australie et le Royaume-Uni dans la région Indo-Pacifique, dans le cadre de sa grande priorité internationale: contrer la Chine. Ce partenariat baptisé AUKUS a suscité une rare colère de la France car il a torpillé un méga contrat de sous-marins français passé avec les Australiens.
Il aura fallu un coup de fil entre MM. Biden et Macron, après une semaine de vives tensions, pour amorcer un certain apaisement. Le locataire de la Maison-Blanche a reconnu que les États-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date. Et les deux chefs d’État ont lancé un «processus de consultations approfondies».
Rencontre UE-USA la semaine prochaine
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé qu’il rencontrerait son homologue américain Antony Blinken la semaine prochaine à Washington pour tenter de dissiper les divergences dans la relation avec les États-Unis, l’un des sujets du sommet des dirigeants de l’UE mardi soir en Slovénie.
«Nous devons renforcer le dialogue entre l’UE et les États-Unis et éviter les questions qui posent problème comme le pacte AUKUS avec l’Australie et le Royaume-Uni», a souligné Josep Borrell devant le Parlement européen réuni en session à Strasbourg mardi. «Je rencontrerai Antony Blinken la semaine prochaine à Washington», a-t-il annoncé. «Le partenariat UE-USA est crucial et irremplaçable, mais il doit avoir une base ferme», a-t-il averti.
M. Borrell a prévu de se rendre à Washington le 13 octobre pour des entretiens le lendemain et le surlendemain avec Antony Blinken et d’autres membres de l’administration américaine, a précisé son entourage. «Après l’Afghanistan, le pacte AUKUS a été un message clair de la part des États-Unis sur leurs priorités face à la Chine, et nous devrons nous adapter», a-t-il expliqué.
«L’engagement pris par le président américain Joe Biden lors de sa conversation avec le président français Emmanuel Macron a été très important, car les États-Unis ont reconnu l’importance d’une défense européenne forte et performante en complément de l’Otan», a souligné Josep Borrell. «Nos discussions avec Antony Blinken vont porter sur les moyens de lancer un dialogue consacré à la défense et à la sécurité», a-t-il expliqué.
«La relation entre l’UE et les États-Unis est un pilier pour la prospérité et la liberté, mais nous devons continuer à construire notre autonomie, car nos intérêts ne vont pas toujours coïncider», a-t-il conclu. Josep Borrell doit participer au sommet informel des dirigeants de l’UE mardi soir en Slovénie. Le président du Conseil Charles Michel a appelé à «une discussion stratégique sur le rôle de l’Union sur la scène internationale» après les développements en Afghanistan et l’annonce du pacte AUKUS.