La Chine lance des manoeuvres militaires «autour de» Taïwan (média d’Etat)

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AsieLa Chine lance des manœuvres militaires «autour de» Taïwan

Des exercices militaires chinois prévus pour deux jours ont démarré jeudi autour de Taïwan, annonce Pékin qui évoque une «punition» contre les indépendantistes.

Un bateau chinois près de Taïwan le 14 mai 2024.

Un bateau chinois près de Taïwan le 14 mai 2024.

AFP

La Chine a lancé jeudi des manœuvres militaires d’ampleur autour de Taïwan, qu’elle présente comme une «punition sévère» envers son nouveau président Lai Ching-te et immédiatement qualifiées par Taïpei de «provocations et actions irrationnelles».

Cette semaine, Pékin avait qualifié le discours d’investiture prononcé lundi par Lai Ching-te d’«aveu de l’indépendance de Taïwan» et l’avait menacé de «représailles». La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

«Punition sévère»

Ses exercices militaires ont débuté jeudi à 07h45 locales (01h45 en Suisse) et doivent durer jusqu’à vendredi inclus, a indiqué dans un communiqué Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l’armée chinoise.

Ils se déroulent «dans le détroit de Taïwan, au nord, au sud et à l’est de l’île de Taïwan, ainsi que dans les zones situées autour des îles de Kinmen, Matsu, Wuqiu et Dongyin». Ces dernières îles, en particulier Kinmen, sont situées à proximité immédiate de la côte est chinoise.

Les manœuvres constituent une «punition sévère pour les actes séparatistes des forces indépendantistes de Taïwan et un avertissement sévère contre l’ingérence et la provocation des forces extérieures», a indiqué Li Xi. La Chine dit privilégier une réunification «pacifique» avec le territoire insulaire peuplé de 23 millions d’habitants et gouverné par un système démocratique. Mais elle n’a jamais renoncé à employer la force militaire.

Baptisées «Joint Sword-2024A», ces nouvelles manœuvres impliquent l’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et l’unité des fusées. L’objectif est de «tester les capacités de combat réelles conjointes des forces du commandement», a indiqué le porte-parole, à travers notamment «la prise de contrôle de l’ensemble du champ de bataille et des frappes de précision sur des cibles clés».

«Actions irrationnelles»

Le ministère taïwanais de la Défense a «condamné fermement» ces manœuvres chinoises, qu’il a qualifiées de «provocations et actions irrationnelles». «Nous avons déployé des forces maritimes, aériennes et terrestres en réponse (…) pour défendre la liberté, la démocratie et la souveraineté» de l’île, a-t-il souligné.

Les garde-côtes taïwanais ont, eux, annoncé avoir déployé leur flotte en mer pour défendre «fermement la souveraineté et la sécurité» de l’île. La télévision étatique chinoise CCTV a publié une carte montrant les neuf zones où se déroulent les exercices militaires. La plus proche de l’île de Taïwan semble située à moins de 50 kilomètres des côtes.

Lors de sa prestation de serment lundi, Lai Ching-te, qualifié par le passé de «dangereux séparatiste» par Pékin, a promis de défendre la démocratie face à ce qu’il présente comme des menaces chinoises. Il a appelé Pékin à «cesser ses intimidations politiques et militaires», en cours depuis plusieurs années.

Les séparatistes taïwanais «seront cloués au pilori de la honte pour l’histoire», avait réagi mardi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. «La trahison de Lai Ching-te envers sa nation et ses ancêtres est honteuse», avait ajouté le ministre, qui reproche notamment à Lai Ching-te de vouloir creuser la séparation culturelle entre l’île et le continent.

«Fausse route»

Cette semaine, la Chine a également répliqué en sanctionnant une quinzaine d’entreprises américaines pour dénoncer la vente d’armes par les États-Unis à Taïwan. Car si Washington a abandonné la reconnaissance diplomatique de Taïpei au profit de Pékin en 1979, le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan, dans le but affiché de dissuader la Chine de toute volonté expansionniste.

Les précédents exercices militaires chinois d’ampleur autour de Taïwan avaient eu lieu en août 2023, une «sévère mise en garde» selon Pékin après une visite de Lai Ching-te, alors vice-président, aux États-Unis. Avant cela, Pékin avait aussi lancé des manœuvres d’une ampleur historique en août 2022 après la visite sur l’île de Nancy Pelosi, alors cheffe des députés américains.

Un conflit dans le détroit de Taïwan, même si les experts ne le jugent pas imminent, aurait un effet dévastateur pour l’économie mondiale: plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde transitent par ce détroit et l’île produit 70% des semi-conducteurs de la planète.

(AFP)

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