FranceLe meurtrier d’Yvan Colonna «voulait se payer quelqu’un de connu»
Le directeur de la prison d’Arles, où l’indépendantiste corse a été agressé mortellement par un codétenu jihadiste, a dit mercredi ne pas croire à la thèse du blasphème prononcé par Colonna.

Marc Ollier, directeur de la prison d’Arles où Yvan Colonna était incarcéré, a comparu mercredi devant l’Assemblée nationale française. Des larmes dans les yeux, il a qualifié l’attitude du meurtrier de l’indépendantiste corse de «dégueulasse».
AFPLe meurtrier d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (sud de la France) «voulait se payer quelqu’un de connu», a estimé mercredi le chef de cet établissement à l’Assemblée nationale, disant ne pas croire l’explication d’un «blasphème» prononcé par le détenu corse. «Jusqu’au 2 mars, aucun de vous n’en avait entendu parler. Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour être connu et pas être le petit jihadiste inconnu parmi X en France? Agresser (…) qui, sinon le plus connu sur la prison, Yvan Colonna», a déclaré Marc Ollier lors d’une audition devant la commission des lois.
«C’est mon sentiment, (…) je n’ai pas de preuves», a ajouté celui qui a pris ses fonctions le 1er mars, la veille de la violente agression d’Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio. Tombé dans le coma après son agression, Yvan Colonna est décédé le 21 mars.

Yvan Colonna purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, en 1998 à Ajaccio, lorsqu’il a été tué par un codétenu radicalisé. Son décès a suscité une vague d’émotion et de violences en Corse.
AFP«C’était quelqu’un de très ouvert avec les musulmans»
Son meurtrier, Franck Elong Abe, arrêté en Afghanistan et condamné notamment pour «association de malfaiteurs terroriste», était incarcéré depuis 2019 à la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), après un parcours chaotique dans d’autres établissements. Il a expliqué aux enquêteurs avoir attaqué son codétenu, dans la salle de sport, «pour riposter contre celui qui a blasphémé», assurant qu’il avait tenu des paroles offensantes «cinq ou six fois».
«Ça ne me paraît pas très crédible. C’est quelqu’un qui était très ouvert avec les détenus musulmans, même ceux qui ne partageaient pas les mêmes opinions que lui», a assuré Marc Ollier. En larmes à l’évocation du sort d’Yvan Colonna, le chef d’établissement s’est dit très ému depuis le visionnage de l’agression, filmée par la vidéosurveillance. Sur ces quelques minutes, l’attitude de Franck Elong Abe est «dégueulasse», lâche-t-il: «Il se jette sur lui, pas un mot à Colonna. Il est parfaitement froid, aucune émotion, c’est hyperagressif.» Sa victime, allongée en train de faire des pompes, «ne pouvait pas se défendre».
Pas de cris
Interrogé par les députés, Marc Ollier a affirmé «à 200%» qu’aucune autre personne n’était présente, «ni dans la salle, ni dans le couloir», et démenti que certains détenus aient entendu des «cris». L’agent chargé de la surveillance de l’étage d’«activités», qui comprenait dix salles, a laissé Franck Elong Abe seul après avoir déverrouillé la porte de la salle de sport. Il a donné la priorité à d’autres pièces, où se trouvaient des intervenantes extérieures avec plusieurs détenus, dont certains avec des problèmes psychiatriques, a-t-il expliqué. Selon lui, un seul agent «ne peut pas voir» les 49 caméras de l’aile concernée.
Sa prédécesseure à la tête de la prison d’Arles, Corinne Puglierini, a, elle, indiqué que «jusqu’au drame», Franck Elong Abe «donnait entière satisfaction» dans son emploi d’«auxiliaire» chargé du ménage des salles de sport, qu’il occupait depuis septembre. Elle a ajouté n’avoir «pas d’informations» sur le fait qu’il se soit laissé pousser la barbe depuis peu et n’avoir pas eu de communication de la part des services de renseignements sur son attitude en Afghanistan.