alcool à la Migros«Élargir les ventes pourrait avoir des conséquences dramatiques»
Addiction Suisse s’inquiète de l’ouverture possible de la vente d’alcool dans les succursales du géant orange. Plus l’alcool est disponible, plus il est consommé.
Le chemin est encore long avant que l’on ne trouve bières, vins ou alcools forts sur les rayons des magasins Migros, mais l’ouverture de la brèche votée par les délégués il y a deux semaines fait déjà réagir. «L’abandon du sage principe de Gottlieb Duttweiler par les coopératives Migros donnerait un mauvais signal», estime Addiction Suisse, dans un communiqué.
Plus il est disponible, plus il est consommé
L’association de prévention rappelle que, en Suisse, «quelque 250'000 personnes sont alcoolodépendantes, et 100'000 enfants environ grandissent dans une famille touchée par des problèmes d’alcool et chaque année près de 1500 personnes meurent des suites de leur consommation».
Pourtant, des filiales du groupe Migros vendent déjà de l’alcool, et il ne faut de manière générale pas chercher bien longtemps avant de pouvoir se procurer de l’alcool dans des magasins ou des établissements de restauration. Est-ce que les 754 succursales de Migros, si elles s’ajoutent à la liste, peuvent vraiment avoir des «conséquences dramatiques», comme le craint Addiction Suisse?
Des prix à la baisse
«Les études montrent que la consommation globale augmente avec la densité des points de vente, ce qui conduit inévitablement à une amplification des problèmes d’alcool, qui sont sous-estimés de manière générale aujourd’hui», rappelle l’association, qui ajoute que «les jeunes sont exposés en moyenne toutes les cinq minutes à un stimulus en lien avec l’alcool lors de leurs déplacements».
Des données après l’introduction, à Lausanne notamment, de l’interdiction de la vente d’alcool à l’emporter à partir d’une certaine heure le soir avaient montré que la mesure, qui restreint la disponibilité, avait permis d’éviter environ 200 hospitalisations par an.
Autre inquiétude d’Addiction Suisse: l’entrée de Migros sur le marché de l’alcool accroîtra la concurrence entre les commerces, avec une possible pression à la baisse sur les prix. Là encore, l’expérience montre que plus l’alcool est accessible à bas prix, plus il est consommé.