HOCKEY SUR GLACELe jour où Jan Cadieux a voulu piquer Marc Gautschi
Alors jeune et «mauvais» entraîneur à Biasca, le coach de GE Servette a dirigé durant trois matches son actuel directeur sportif. Les deux hommes se rappellent avec le sourire.
- par
- Simon Meier
Ils ne parleront pas de ça dans le car qui mène à Ambri ce vendredi. Ils en parleront d’autant moins que si Jan Cadieux voyage avec son équipe, Marc Gautschi ralliera le Tessin par ses propres moyens, comme d’habitude. «Jan et le groupe savent ce qu’ils ont à faire, je les laisse tranquilles», lâche le directeur sportif de GE Servette, qui verrait d’un très bon œil la conquête de trois points à la Gottardo Arena.
Obnubilés par la course effrénée au top 6 de National League, les deux hommes auront quand même dans un coin de tête, au moment de franchir le Gotthard, ce drôle de souvenir tessinois qui les unit. C’était au début de la saison 2017/18, à Biasca, soit quelque 25 kilomètres au sud d’Ambri. Jan Cadieux faisait ses premières dents d’entraîneur à la tête des Ticino Rockets, en Swiss League; Marc Gautschi, alors 35 ans dont la moitié sur les patinoires de ligue nationale, traînait sa dernière saison en longueur, avec Ambri.
«J’étais nul et je n’avais plus trop envie, rigole l’ancien défenseur. Ce n’était pas facile d’avoir Luca (ndlr: Cereda) et Paolo (Duca) comme coach et comme manager général, alors qu’on était potes et coéquipiers les saisons précédentes.» S’il admet volontiers qu’il était en fin de course, Marc Gautschi tient à préciser que sa «relégation» avec les Ticino Rockets, durant trois matches cet automne-là, ne relevait pas de la punition.
«C’était ma volonté»
«C’était ma volonté d’aller jouer quelques matches avec eux, je l’avais promis au président de l’époque, Davide Mottis, qui est un ami», explique le directeur sportif de GE Servette, qui se retrouvait donc dans le vestiaire de celui à qui il donnerait, quelques années plus tard, les clés du futur champion de Suisse.
«Jan était un jeune entraîneur très timide, ça m’avait frappé de voir son évolution dans les années qui ont suivi, explique Marc Gautschi. Quand il est arrivé à Genève (ndlr: en 2019, comme assistant), par rapport au coach que j’avais connu à Biasca, c’était presque une autre personne. Cette capacité de développement est l’une des raisons qui m’ont convaincu à lui confier l’équipe par la suite (novembre 2021).»
Jan Cadieux se rappelle bien ce croisement prémonitoire et il s’en amuse volontiers. «Cela nous est arrivé d’en rigoler, surtout quand on évoque à quel point j’étais mauvais comme coach, à l’époque, se souvient l’entraîneur des Aigles. Marc arrivait là en tant que vétéran, après une longue carrière et ça n’était pas facile pour moi d’accueillir un gars comme ça.»
Traduction possible: un gars qui ne donnait plus le maximum, alors que lui, ambitieux technicien en devenir, ne lâchait déjà rien. À tel point qu’il a essayé de secouer le soldat Gautschi à sa manière: «J’étais tellement désespéré que je l’avais aligné en attaque contre Thurgovie, lui le défenseur, pour essayer de le remettre un peu en forme», rigole Jan Cadieux. Ça n’avait pas trop fonctionné.
C’était il y a six ans, à la fois hier et une éternité. Les deux hommes auront d’autres préoccupations en tête, ce vendredi à l’heure de franchir le Gothard, avec le ferme espoir d’y voir leur GE Servette s’imposer. Mais à l’origine de l’attelage à succès, il y a, en partie, ces trois matches avec les Ticino Rockets.