CyclismeJan Ullrich l’admet: «Oui, je me suis dopé»
Pour la première fois, la star déchue du vélo allemand a fait un aveu public qu’il s’était toujours refusé de prononcer.
- par
- Jérémy Santallo
«Oui, je me suis dopé.» Ce sont les mots qui sont sortis de la bouche de Jan Ullrich, mercredi, lors d’une table ronde à laquelle a participé l’agence de presse sportive allemande SDI. Celle-ci se tenait avant la sortie de la série «Der Gejagte» – «La proie» –, qui sera diffusée sur Prime Vidéo dès le 28 novembre, à quelques jours du 50e anniversaire du légendaire rival de Lance Armstrong. «Si j’avais raconté mon histoire plus tôt, j’aurais pu gagner de belles années, reconnaît-il. Mais je n’ai pas eu les c……. Cela fait vraiment du bien de le dire.»
Lors de cette entrevue, le champion allemand déchu a justifié ses actes sur l’autel de «l’égalité des chances» dans un milieu infesté par le fléau du dopage dès les années nonantes. «Il ne s’agissait pas de tromper qui que ce soit ou d’obtenir un avantage, mais d’avoir les mêmes chances que mes adversaires, résume-t-il. Quand j’ai réalisé que ce n’était pas le cas, cela a joué dans ma tête. Tu sais que tu as le talent, que tu as sacrifié ta vie, que tu t’améliores chaque année. Mais que sans ça, tu n’auras aucune chance. C’est la chose la plus difficile.»
La carrière du vainqueur du Tour de France 1997 a fini par partir en vrille. Exclu de la Grande Boucle en 2006 à la veille du départ, il a été convaincu de dopage un an plus tard par le Tribunal arbitral du sport et ses résultats obtenus après mai 2005 ont été annulés. Soit deux ans après sa première rencontre avec le célèbre médecin espagnol Eufemiano Fuentes. «Je voulais gagner et bâtir sur mes succès. J'avais une nouvelle équipe à l'époque et le Dr Fuentes m'avait été recommandé. C'est comme ça que je me suis retrouvé là-bas.»
Début septembre, pour sa première apparition en public lors la présentation du documentaire à Munich, Jan Ullrich disait espérer que «les spectateurs, les supporters et les personnes qui verront cela pourront un peu se mettre à ma place». Il y a cinq ans, plongé dans un cocktail explosif, l’enfant de Rostock avait frôlé la mort parce qu’il prenait de la «cocaïne en masse et buvait du whisky comme de l'eau.» Aujourd’hui «en paix et plus léger», il a confié avoir retrouvé le plaisir de faire du vélo avec ses enfants.