FootballNsame: «On croit parfois à tort que c’est mieux ailleurs qu’en Suisse»
Blessé puis prêté à Venise, le buteur n’a plus marqué depuis plus d’un an. Il est de retour à Young Boys. Interview.
- par
- Daniel Visentini
Bonheur d’abord et douleur ensuite, mais lourde douleur qui déchire le fragile bonheur. Et puis plus d’un an de vide. Le raccourci ne dit pas tout, il résume pourtant ce qu’a vécu Jean-Pierre Nsame. Le 15 mai 2021, il est victime d’une rupture du tendon d’Achille en inscrivant un but. Il n’en a plus marqué depuis, concentré sur sa rééducation et sur ce prêt compliqué à Venise, les six derniers mois. Mais le buteur est de retour en Suisse. À YB. Là où il a brillé.
Ce transfert qui n’en est pas un est peut-être le meilleur mouvement du mercato en Super League. À 29 ans, Raphaël Wicky va avoir à disposition une machine à marquer des buts. Vraiment? Après plus d’un an sans but en compétition officielle, Jean-Pierre Nsame est-il toujours ce finisseur chirurgical (32 buts en 32 matches de championnat lors de la saison 2019/2020, 19 réussites la saison d’après)? On l’entend sourire. Il est prêt à parler de tout.
Jean-Pierre, on ne va pas se mentir: même s’il y a toutes les raisons à cela, ça fait plus d’un an que vous n’avez pas inscrit de but en championnat. Comment le vivez-vous?
Les choses sur lesquelles je n’ai pas prise, je ne m’y attarde pas. C’est une philosophie de vie, je travaille là-dessus sur un plan mental. Dans mon cas, c’est simple: j’ai subi une sérieuse blessure, j’ai travaillé pour revenir à niveau, cela a représenté les six premiers mois. Après, il y a eu ce prêt à Venise, où les choses ne se sont pas passées comme prévu, pas comme on m’avait dit qu’elles se passeraient en termes de temps de jeu par exemple. J’ai fait ce que j’ai pu dans ces circonstances. C’était compliqué, mais cela m’a permis de grandir encore. Et maintenant, je suis de retour à YB.
Ce court passage en Série A à Venise est-il un échec?
Non. Mais cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur certaines réalités. On croit parfois à tort que c’est mieux ailleurs qu’en Suisse. Je voulais goûter à un des cinq grands championnats, je l’ai cherché, je voulais me confronter à quelque chose de nouveau, avec une différente manière de travailler. Rien n’a été simple, mais je reste satisfait de mon investissement personnel, malgré le peu de temps de jeu qu’on m’a accordé.
Il s’est passé quoi à Venise?
On m’avait assuré que l’on comptait sur moi, que j’aurais du temps de jeu. Mais cela ne s’est pas déroulé comme prévu. Je comprends que l’on soit en concurrence, pas de souci avec ça. Mais quand j’étais prêt, performant à l’entraînement et remarqué lors des quelques minutes de jeu qu’on me donnait en fin de match, cela n’a rien changé. Sans que l’on ne me donne des explications. L’environnement à Venise n’était pas sain, il y avait des turbulences à l’interne, sur lesquelles je n’avais pas de contrôle. Je subissais. Alors je me suis concentré sur moi, mes performances, mon travail, au quotidien. Je suis resté professionnel et sur ce plan, je suis fier de ce que j’ai fait. Je ne rentre pas à YB comme quelqu’un qui a échoué.
Êtes-vous resté en contact avec Young Boys, quand vous étiez à Venise?
Oui. J’ai été en contact avec Christoph Spycher plusieurs fois. On a notamment parlé de mon expérience, de mon vécu sur place. Il m’a exposé le projet d’YB pour cette saison, les attentes. J’ai retrouvé tout ce que j’attendais. C’est très stimulant. J’ai un contrat avec YB jusqu’en 2024. Je ne reviens pas pour repartir, je suis concentré sur YB. J’ai donné ma parole, je la tiendrai.
Même si une grosse offre d’un gros club se présentait, après un début de saison fracassant?
Je suis capable de refuser de gosses offres, je l’ai déjà fait d’ailleurs. Je sais la qualité de l’environnement à YB. Après, si une grosse offre arrive, peut-être que nous discuterons. Mais je n’en suis pas là, je suis concentré sur YB uniquement. Il y a maintenant Steve von Bergen comme directeur sportif, une belle énergie, il est proche de nous, les joueurs.
Et il y a un nouvel entraîneur, Raphaël Wicky…
Dès le premier jour de la reprise, nous avons parlé ensemble. Pour évoquer Venise, mais aussi YB, son style. C’est un coach qui cherche à te mettre à l’aise. Tout va bien, quelque chose est en train de se mettre en place à Berne.
Avec un Nsame en futur meilleur buteur du championnat, comme lors des deux dernières saisons avant votre blessure?
Je n’ai jamais raisonné comme cela, en me fixant ce genre d’objectif. Je sais ce que j’ai déjà fait ici, à YB, je me doute que l’on va me juger par rapport à ça, je l’ai déjà anticipé. Mais je suis de retour pour écrire une autre page. Je suis bien, physiquement, mentalement, mon tendon ne pose plus le moindre problème. Je suis prêt.
Vous aviez laissé YB champion en 2021, en vous blessant. Vous le retrouvez maintenant après une saison terminée à la troisième place…
C’est vrai, c’est bizarre. Le club a des ambitions, une énergie. Je veux que le club, à la fin de la saison, soit là où il doit être, là où je l’ai laissé en 2021. C’est le plus important. Après, si je peux y contribuer sur un plan personnel, alors tant mieux.