Affaire LolaLa chaîne C8 mise en demeure par l’Arcom pour les propos d’Hanouna
Selon le régulateur français des médias, les déclarations de l’animateur de «Touche pas à mon poste», suite au meurtre de la jeune fille, contreviennent aux obligations de l’éditeur.
La chaîne C8, du groupe Canal+, a été mise en demeure vendredi par l’Arcom, le régulateur français des médias, pour des propos tenus par Cyril Hanouna sur le meurtre de la jeune Lola en octobre.
«Caractère répétitif»
L’autorité indique avoir été «saisie à de nombreuses reprises à la suite de plusieurs séquences de l’émission «Touche pas à mon poste»», et que ces séquences, par «leur caractère répétitif, traduisent un manquement de l’éditeur à l’obligation de traiter avec mesure une affaire judiciaire en cours».
En cause selon le régulateur, des propos de l’animateur vedette de C8 Cyril Hanouna qui «alors que l’instruction judiciaire relative à cette affaire était ouverte, a tenu de façon répétée des propos relatifs tant aux conditions dans lesquelles le procès de la personne mise en examen devait se tenir et à son issue». «Il a en particulier appelé à plusieurs reprises à des procès expéditifs et à des condamnations à perpétuité automatiques dans de tels cas», souligne l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).
L’autorité constate également «que l’animateur a pu longuement exprimer son opinion sans qu’une contradiction rapide et efficace ne lui soit opposée», contrevenant ainsi à «l’obligation de respecter l’expression des différents points de vue à l’antenne sur un sujet prêtant à controverse».
«Négation de l’Etat de droit»
Cyril Hanouna avait suscité la polémique fin octobre autour du meurtre de Lola, tuée à Paris le 14 octobre. Les circonstances de sa mort et le profil de la suspecte, de nationalité algérienne et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avaient suscité de vives critiques à droite et à l’extrême droite.
«Si on a toutes les preuves, c’est perpétuité direct. Je suis désolé. Il n’y a pas d’altération ni de non-discernement», avait déclaré le 18 octobre Cyril Hanouna sur le plateau de TPMP. «C’est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison. Elle ne doit pas être soignée», avait poursuivi l’animateur vedette. «Pas consciente de ses actes? C’est une loi qui doit être révisée aussi. (...) Entendre ce discours en France, j’en peux plus de ça, c’est insupportable et les lois doivent changer», avait-il conclu. Interrogé sur la prise de position de l’animateur, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti l’avait qualifiée de «négation de l’Etat de droit».