FootballAu FC Sion, après la fin, il y a toujours une suite
Incapables d’éviter les barrages, les Valaisans devront jouer les prolongations après leur nouveau naufrage à Saint-Gall (4-0). Face à Stade Lausanne Ouchy, peuvent-ils échapper au pire?
- par
- Nicolas Jacquier
Sion a-t-il perdu son bâton d’immunité qui paraissait de nature à le protéger en toutes circonstances? Ces dernières années, le club de Tourbillon s’en était toujours tiré par les poils, souvent à la raclette, lors de l’ultime journée. Cette fois, cela n’a pas marché. Dernier de Super League, ce qui ne lui était encore jamais arrivé, Sion peut certes toujours assurer son maintien en passant par la case barrage mais pour que l’entreprise soit couronnée de succès, il lui faudra afficher un tout autre visage. En est-il capable? Et d’abord, ceux qui sont censés défendre ses couleurs le veulent-ils?
Alors qu’il a pourtant eu plusieurs fois l’occasion de dépasser Winterthour, Sion n’aura jamais réussi à rattraper un point qui fait toute la différence. Il y aura donc une suite, avec des prolongations qui promettent de se disputer dans un contexte pesant à bien des égards. Pour Sion, bien mal embarqué, il s’agira du troisième barrage depuis la création de la Swiss Football League. Après avoir évité les écueils constitués par Aarau en 2012 (avec Vladimir Petkovic sur le banc valaisan) et Thoune en 2021, le club de Tourbillon a cette fois-ci tout à redouter des Lions de la Pontaise, remontés à bloc et désireux de confirmer leurs deux victoires en Coupe de Suisse (2-1 ap en 2017 ainsi qu’un cinglant 4-0 infligé en septembre 2021). Deux dynamiques opposées pourraient se croiser dans l’ascenseur.
Les trois enseignements qu’il faut retenir
Saint-Gall est décidément une magnifique équipe, comme peut aussi l’être - en se produisant dans un décor beaucoup plus anonyme – le SLO. Vivre un match au Kybunpark reste une inexpérience unique en Suisse. Si l’on doit condamner avec la plus grande véhémence les dérapages réguliers de ses ultras, notamment en matière de racisme, le mur «vert» procure les mêmes frissons que celui, jaune en la circonstance, descendant des gradins du Signal Iduna Park, à Dortmund. Il en résulte une vibrante communion entre les joueurs et leurs fans dont on ne se lasse pas.
Parti deux jours plus tôt pour se mettre au vert dans la région et supposément entrer dans sa bulle, le FC Sion savait-il réellement ce qui se tramait et de quoi il en retournait vraiment en entrant sur la pelouse? À la place d’éléments concernés, prêts à bouffer du gazon et à se battre comme des morts-de-faim, on a vu de gentils touristes en goguette… La comparaison avec son hôte a fait mal. Saint-Gall n’avait rien à jouer, sinon un strapontin européen dont on a très vite compris qu’il lui échapperait. Il n’empêche que c’est pourtant lui qui s’est comporté comme si sa survie en dépendait. Vous avez dit bizarre? Du côté de la Porte d’Octodure, en appeler à l’orgueil des joueurs ne sert manifestement à plus rien; encore faudrait-il en avoir pour espérer que cela produise un effet.
Pointant encore au 3e rang avant l’arrivée de Balotelli, Sion est en chute libre en 2023. Entre les éléments qui régressent, ceux qui ont abandonné leurs postes, ceux qui trichent, ceux qui sont vraiment blessés, ceux qui se sont fait porter pâle sans l’être (ou ont sciemment déjà été écartés), difficile de trouver un dénominateur commun. Sinon l’expression d’un sacré gâchis.
Le chiffre
Comme le nombre de matches consécutifs qui a vu le FC Sion encaisser au moins un but, souvent même plusieurs, série en cours. Voilà qui vaut mieux qu’un long discours pour cerner son inexorable chute.
Le moins mauvais
Gora Diouf (19 ans) n’a certes pas été flamboyant mais au moins son entrée en deuxième mi-temps s’est-elle fait remarquer. Au milieu d’un océan de désolation, le jeune défenseur sénégalais a affiché une grinta que l’on aurait aimé voir partager par ses présumés leaders.
Le moins bon
Le reste de l’équipe, ce qui fait pas mal de monde, même si Chouaref et Sio, par leur activité, ont tenté de surnager.
Le cercle des footballeurs disparus
Paolo Tramezzani en a fait une petite marotte; juste avant le coup d’envoi, il aime réunir joueurs, remplaçants et membres de son staff élargi en cercle autour de lui, devant le banc, pour y disséquer une ultime diatribe, ou quelques mots d’encouragement. Mais le successeur de David Bettoni est-il seulement écouté? Le cercle des footballeurs disparus apparaît de moins en moins rond.
La décla’
Une question pour penser à l’avenir?
Comment la plus mauvaise défense du pays (avec 73 buts encaissés) compte-t-elle s’y prendre pour juguler la meilleure attaque de Challenge League (avec 70 buts inscrits)?