Hockey sur glaceCommentaire: le HC Sierre, Dany Gelinas, l’incompréhension
Le club valaisan de Swiss League a choisi de ne pas prolonger le contrat d’un entraîneur qui gagne et qui a dépassé les objectifs sportifs.
- par
- Emmanuel Favre
S’il fallait établir le Top 5 des différences majeures entre le FC Sion et le HC Sierre, les clubs professionnels valaisans les plus populaires, il serait aujourd’hui aisé de remplir la première ligne.
À Graben, ce n’est pas le Totomat qui décide du sort de l’entraîneur.Le dimanche 28 novembre, en effet, alors que les «rouge et jaune» venaient de livrer un match du championnat de Swiss League à Zoug contre l’Academy, Dany Gelinas a reçu un courriel de sa hiérarchie, un e-mail dans lequel il est mentionné que son contrat d’entraîneur en chef ne sera pas reconduit pour la saison 2022-2023.
Derrière le banc du HCS, le technicien franco-canadien a successivement…
… mené l’équipe de MySports League en Swiss League.
… assuré, sans jamais trembler, le maintien en deuxième division.
… décroché, à la surprise générale, la quatrième place au terme de la saison régulière 2020-2021.
En 2021-2022, son équipe, qui a été confrontée à plusieurs blessures de membres de son noyau offensif, demeure dans la course à la qualification directe pour les séries éliminatoires (7e, 25 matches, 35 points).
Et ce à chaque fois depuis le retour de l’organisation en Swiss League, avec un budget de deuxième partie de tableau.
En ce sens, la décision de la haute direction confine à l’incompréhension, voire à l’absurde.
Pour au moins trois raisons.
Joueurs consternés
Selon nos sources, l’entraîneur n’a jamais été invité à exposer son projet pour les deux ou trois prochaines saisons en 2021. Il y a douze mois, les dirigeants avaient manifesté leur souhait de poursuivre la collaboration, une intention qui ne s’est pas concrétisée.
On a parlé avec plusieurs joueurs. Tous nous ont fait part, avec le fameux «off» utilisé dans ces moments, de leur consternation. Des réactions qui laissent penser que le message du coach avait résisté à l’érosion du temps dans l’intimité du vestiaire.
En plus de dépasser les objectifs sportifs, l’entraîneur répond à l’autre mission souhaitée par ses supérieurs: développer le talent local. Les responsabilités accordées à Berthoud, Bernazzi et Bonvin en sont les meilleures illustrations.
Le salaire, une excuse
Mais alors pourquoi cette issue?
La rumeur colporte que les deux parties ne se sont pas entendues sur le chapitre financier. A la lumière de nos informations, cet argument tient davantage de l’excuse que de la réalité.
Il y a deux mois, le HCS a formulé une offre de prolongation de contrat à son entraîneur. Offre dans laquelle les chiffres étaient identiques à ceux de l’accord en vigueur actuellement, mais où figuraient une trentaine de nouvelles clauses.
En réponse, le représentant de Gelinas a présenté une contre-proposition, qualifiée de «plus que raisonnable», comme il en est l’usage dans le jeu des négociations.
Le HCS a choisi de ne pas s’engager sur cette voie et de passer à un autre chapitre.
Il en avait le droit.
Mais, à la lumière du dernier acte de ce feuilleton, il apparaît clair - c’est en tout cas notre lecture - que la direction sportive du HC Sierre avait décidé il y a plusieurs mois déjà de ne pas prolonger sa relation de travail avec Dany Gelinas.
Des dirigeants convaincus de leur stratégie ne coupent pas l’électricité après un échange de deux e-mails.
Ou alors, ce qui serait inquiétant, cela signifierait qu’ils n’ont pas de stratégie.
La question est donc «pourquoi?» Pourquoi ce choix de mettre fin à une ère pimentée de succès?
On a tenté de joindre le directeur sportif pour le savoir, en vain.
Un message à McSorley?
Quelques hypothèses peuvent cependant être formulées.
Dany Gelinas a-t-il le défaut d’avoir été choisi par Chris McSorley lorsque GE Servette était le partenaire du HCS et que l’Ontarien était le directeur sportif des Aigles?
Le cas échéant, cela laisse-t-il supposer que la probable arrivée de McSorley dans l’actionnariat du HCS ne fait pas l’unanimité?
Le club, où, historiquement, la durée de vie d’un entraîneur n’excède pas celle d’un chewing-gum, a-t-il senti, dans ses analyses et ses interprétations des statistiques avancées, que le potentiel de l’équipe n’était pas totalement exploité?
Sarault, le prochain
La question essentielle est cependant différente: le HCS a-t-il eu raison de s’engager sur une autre voie qui, selon les infos de l’antenne francophone de «Blick», sera guidée par l’entraîneur canadien Yves Sarault?
La réponse tiendra dans les résultats en 2022-2023. Même si, à Sierre, le Totomat a moins d’importance que presque partout ailleurs.