Hockey sur glace«Voir autant de monde revenir à la patinoire, c’est déjà une victoire»
Pour Anthony Huguenin et les Chaux-de-Fonniers, la finale des play-off de Swiss League a commencé par un succès renversant contre Olten (3-2 ap). Mercredi soir, les Mélèzes étaient en fusion.
- par
- Chris Geiger La Chaux-de-Fonds
Club historique du hockey sur glace helvétique, le HC La Chaux-de-Fonds, sextuple champion de Suisse entre 1968 et 1973, ne vit plus dans le passé. Depuis quelques semaines désormais et le début des play-off de Swiss League, toute la métropole horlogère n’a d’yeux que pour les Mélèzes. La vétuste patinoire, construite en 1953 et sommairement rénovée il y a une dizaine d’années, vit une seconde jeunesse grâce à l’incroyable saison que réalise jusqu’à présent la troupe entraînée par Louis Matte.
Les Abeilles, magnifiques premières de la saison régulière, ont arraché, mercredi soir, le premier point de la finale – une série au meilleur des sept matches – des pattes de valeureuses Souris soleuroises. Car le HCC, longtemps malmené par son grand rival, a trouvé le moyen de renverser la table et Olten en deuxième partie de rencontre, faisant passer le score de 0-2 à 3-2.
Quel meilleur scénario que celui écrit par les joueurs du HCC pour faire rugir un stade qui affichait une fois encore complet? «C’est fabuleux d’avoir un tel public, reconnaît Arnaud Jaquet, au club depuis 2010. C’est le vrai sixième homme.» Bouillants, les fans chaux-de-fonniers ont donné de la voix, sans relâche, même lorsque leurs protégés subissaient les assauts alémaniques, durant la grosse première demi-heure de jeu.
Un soutien indéfectible et bruyant, qui a assurément donné le surplus d’énergie nécessaire à Julien Privet (37e, 1-2) puis au top scorer Sondre Olden (39e, 2-2) pour remettre les deux équipes à égalité en l’espace de 85 minuscules secondes. Dans une ambiance extraordinaire.
«On n’a pas bien commencé le match, reconnaît Anthony Huguenin, patron de la défense, formé aux Mélèzes. On a laissé trop d’espaces à nos adversaires. C’était trop facile pour eux de sortir de leur zone défensive. Mais même à 0-2, on n’a pas lâché. On sait qu’on a les ressources pour revenir contre n’importe qui. On a prouvé durant la saison qu’on avait une bonne force de frappe offensive. À 1-2, on a retrouvé un peu d’énergie et de feu sur le banc. À 2-2, le match était totalement relancé. Surtout avec la patinoire pleine. C’est clair que cet aspect a fait la différence.»
En feu, le public du haut du canton a poussé son équipe favorite vers la conquête d’un premier point extrêmement précieux. La délivrance est finalement intervenue en début de prolongation, de la canne de l’inévitable Toms Andersons (63e, 3-2) dans une patinoire en délire, l’euphorie des 5225 spectateurs faisant véritablement trembler les planchers du vénérable antre.
«Après ce but, j’avais juste envie de tout casser, surtout après un match aussi serré, reprend l’arrière de 31 ans, prêté par Langnau, dans un large sourire. Toms nous met un shoot parfait en power play, qui a fait exploser la patinoire. Ce premier match à la maison était vraiment important et on a trouvé les ressources pour aller chercher ce point.»
La force de caractère des Chaux-de-Fonniers a impressionné, la gestion des émotions également. «C’était vraiment les montagnes russes, reconnaît Arnaud Jaquet. Olten est venu très fort, ce qui nous a un peu surpris. On était aussi un peu nerveux au premier tiers. Désormais, la pression est à nouveau dans le camp adverse puisqu’on a réussi à ramener ce premier point. Il faudra essayer d’aller chercher ce deuxième point vendredi.»
Et ainsi aborder le troisième acte dans des dispositions parfaites. Histoire de revivre les mêmes frissons. «C’est en quelque sorte le retour des belles années, poursuit l’homme au près de 700 matches sous la tunique du HCC. Celles de mes premières années ici où on jouait des derbys contre Lausanne (ndlr: promu en avril 2013 en National League) qui nous donnaient la chair de poule. Ça fait plaisir d’avoir ce public. On joue aussi pour ça. Ça nous donne énormément d’énergie. Voir une ville autour de nous, ça nous fait chaud au cœur. Mais on le mérite aussi, je pense. On a travaillé dur pour avoir autant de monde à la patinoire. Les spectateurs nous le rendent bien.»
L’émotion de Huguenin
Pour Anthony Huguenin, passé par toutes les classes juniors au HCC, les sentiments sont exacerbés lorsqu’il prend le temps de se remémorer le chemin parcouru. «J’ai l’émotion qui remonte, admet-il, touché. Quand j’ai commencé ici en première équipe, je me rappelle que la patinoire était pleine et l’ambiance folle lors des derbys contre Lausanne et Ajoie. Puis on a un peu perdu ça durant les années qui ont suivi, jusqu’à cette saison. Il est vrai que les résultats aident et qu’on propose du beau hockey, mais voir autant de monde revenir à la patinoire, c’est déjà une victoire pour nous.»
Sur la glace, il n’en reste «plus que» trois à obtenir pour décrocher le «Graal», dépoussiérer l’armoire à trophées des Mélèzes et mettre le feu à «La Tchaux».