Carnet noirAncien journaliste sportif du «Matin», Laurent Guyot n’est plus
Le Neuchâtelois, féru de cyclisme et de ski alpin, est décédé mardi des suites d’une cruelle maladie. Il avait 67 ans.
- par
- Renaud Tschoumy
Laurent Guyot n’est plus. Le journaliste sportif neuchâtelois est décédé mardi, des suites d’une courte et cruelle maladie.
Originaire du Jura bernois, Laurent Guyot est très vite devenu un Neuchâtelois d’adoption. Dans les années 1980, il a notamment été responsable de la rubrique sportive de L’Impartial, le quotidien du Haut du canton de Neuchâtel, qui allait devenir par la suite ArcInfo après sa fusion avec L’Express.
Homme passionné par le sport, il a notamment couvert de grands événements pour L’Impartial, comme des Jeux olympiques (d’été et d’hiver) et l’Euro 1988, notamment. Mais il n’oubliait pas La Chaux-de-Fonds, ses clubs et ses sportifs, dont les exploits trouvaient régulièrement place dans le quotidien régional.
C’est en 1990 que Laurent Guyot a intégré la rédaction du Matin, à Lausanne. D’abord à la people, où il se plaisait à relever qu’il travaillait pour «les barbelés», les articles étant différenciés les uns des autres par une bordure noire hachurée. Puis, c’est tout naturellement à la rédaction sportive du quotidien vitaminé orange de l’époque qu’il a rebondi. Il allait alors se spécialiser dans le cyclisme et le ski alpin, couvrant la plupart des grands événements liés à ces deux sports. Sans oublier le golf où il a suivi de nombreuses éditions de l’Open de Crans-Montana.
Il a notamment assisté à la fabuleuse carrière d’un certain Didier Cuche, autre Neuchâtelois, dont il était resté très proche après que le skieur des Bugnenets avait mis un terme à sa carrière.
Laurent Guyot est resté à la rédaction sportive du Matin jusqu’en 2010. Après quoi, il a eu plusieurs mandats d’attaché de presse, notamment pour les équipes cyclistes IAM Cycling (de 2013 à 2017) et Cofidis (en 2018). Il a également été bénévole pour l’organisation du Tour de Romandie.
Laurent Guyot laisse derrière lui l’image d’un homme à fort caractère, mais d’une gentillesse et d’une bonne humeur dont il ne s’est jamais départi. Il va manquer à tous ceux qui l’ont côtoyé, de près ou de loin, en bas d’une piste de ski, dans l’aire d’arrivée d’une étape d’un Tour cycliste… ou devant un bon petit verre à l’heure de l’apéro.
La rédaction du Matin présente ses condoléances à sa famille, ses proches et ses amis.
Le Tour, c’était ton cadeau de Noël
Cher Laurent,
Quand j'ai appris cette terrible nouvelle, que cette saleté de crabe t'avait mis le grappin dessus et qu’il ne voulait plus te lâcher, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que toi, le féru de vélo, ne pouvais pas mettre la flèche à droite ainsi. Pas maintenant, tu venais à peine de prendre ta retraite. Tu avais encore tellement de choses à faire, toi qui croquais cette vie comme un fruit de la passion, entre un bon foie gras et des huîtres de Marennes. Que ce soit avec ta petite reine que tu chérissais tellement ou tes spatules aux pieds, tu prenais encore énormément de plaisir à exercer tes activités physiques préférées.
Je me souviens encore de la première fois que nous nous étions rencontrés, dans les locaux du Matin, le 1er février 1990, il y a plus de 30 ans déjà, que le temps passe vite. Tu venais de Boudevilliers, de cette Vue-des-Alpes que tu adorais, que tu mettais toujours en avant partout où tu passais, dans les quatre coins du monde.
Mais je me rappelle surtout de tous ces bons moments partagés avec toi sur les routes de Romandie, de l’Hexagone ou sur le Cirque blanc. Que de belles soirées on a vécues ensemble, que d’anecdotes lors des Mondiaux de ski de la Sierra Nevada, de Sestrières, à Bormio, à Saint-Moritz ou Val d’Isère. Sans oublier ce fameux Tour de France de 1998, l’édition du dopage avec Festina. C’était, malgré le scandale, ton «cadeau de Noël», toi qui détestais pourtant les Fêtes autour du 25 décembre.
Après avoir couvert des Jeux olympiques et la Coupe du monde de football au Mexique, il ne manquait plus que cette Grande Boucle pour te combler de bonheur. Quand tu te mettais en selle, t’avais les mains aux cocottes et la socquette légère, tu rayonnais. Que de beaux souvenirs je garderai toujours de toi, mon Laurent.
Quand j’ai su que tu allais être rattrapé par celle qu’on appelle la grande faucheuse, je t’ai envoyé un message avec mes tripes pour te dire combien j’étais incrédule et triste qu’on ne puisse plus jamais se revoir sur cette Terre et trinquer ensemble. Tu m’a répondu, par un audio, que tu ne regrettais rien, que tu avais vécu une vie fantastique et que si c’était à refaire, tu ne changerais rien du tout.
On aurait juste voulu, tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton sourire, que tu vives encore quelques années, que tu attendes avant d’aller skier et rouler autour des étoiles. Mais le destin en a décidé autrement. Je déteste le crabe!
Christian Maillard