Congrès du Parti socialisteFrance: Faure et Mayer-Rossignol disent tous deux être en tête
Les deux candidats au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste affirment tous les deux être arrivés en tête du vote des adhérents, dans la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 janvier 2023. Une commission de recollement des résultats doit se réunir ce vendredi.
Le duel entre le Premier secrétaire sortant du Parti socialiste, Olivier Faure, et son rival le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, a atteint un paroxysme dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ils ont tous deux revendiqué être en tête du vote des adhérents pour devenir le nouveau chef des socialistes. Les deux camps, s’accusant mutuellement d’irrégularités dans les votes, ont déjà annoncé des recours et demandes d’annulations de vote dans des sections. Une commission de recollement des résultats doit se réunir vendredi.
Selon la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin, Olivier Faure arrive légèrement en tête du vote, autour de 52%, selon les premières tendances portant sur «plus de 50% des fédérations représentant plus de 50% des votants». «Olivier Faure a remporté le scrutin avec certitude», a affirmé son mandataire Pierre Jouvet, dénonçant par ailleurs une «déstabilisation inadmissible» de la part du camp adverse.
A l’inverse, Nicolas Mayer-Rossignol affirme lui aussi être en tête. Sur 84% des bulletins dépouillés, il dit avoir réuni 52,4% des voix, contre 47,6% pour Olivier Faure. «Il y a une tendance favorable pour nous», a dit le maire de Rouen, qui demande aussi «l’annulation d’un certain nombre de résultats», en raison d’irrégularités constatées, notamment dans la section de Liévin (environ 300 voix).
Surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, bourrage d’urnes: jeudi soir, les deux camps s’accusaient «d’irrégularités» dans les votes. «Des gens essaient de discréditer ce scrutin», dénonce la numéro 2 du parti, Corinne Narassiguin. Le vainqueur sera officiellement intronisé lors d’un congrès dans une semaine à Marseille.
Le résultat pourrait avoir des conséquences sur l’accord conclu en mai 2022 pour les législatives avec LFI, EELV et le PCF. Cette alliance a permis de garder un groupe de 32 députés socialistes à l’Assemblée nationale, malgré l’échec historique à la présidentielle de la candidate Anne Hidalgo (1,7%). Mais elle a profondément divisé le PS. Olivier Faure défend sa stratégie d’alliance de gauche «sans exclusive», seul moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l’extrême droite en 2027.
Nicolas Mayer-Rossignol, plus réservé sur cet accord, ne cache pas ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon. Il a le soutien de la troisième candidate, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes. Une bataille de chiffres est à prévoir pour vendredi, comme lors du vote des militants sur le texte d’orientation jeudi dernier, destiné à déterminer le rapport de force dans les instances du parti.
Les adhérents avaient alors placé Olivier Faure en tête à 49,15% des voix, contre 30,51% pour Nicolas Mayer-Rossignol, et 20,34% pour Hélène Geoffroy. Dans le bureau de vote de la section de Pantin, Djamel Benmokhtar, adhérent depuis 7 ans, a choisi Olivier Faure, «qui peut remettre sur les rails le PS», estimant que la Nupes, «on aurait dû la faire avant». «Le parti est très malade», souligne pour sa part Abdou N., adhérent depuis «plus de 20 ans», qui a voté «pour que le parti soit revigoré», et considère qu’il faut «rassembler toute la gauche».
«La carpe et le lapin»
Soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente d’Occitanie Carole Delga et l’ex-président François Hollande, Nicolas Mayer-Rossignol affirme être le seul à pouvoir rassembler, sur une «voie centrale».
Pour Olivier Faure, les résultats du premier vote prouvent que seuls 20% des adhérents ont voté contre la Nupes, confortant de fait sa ligne. «Est-ce que les 80% d’adhérents qui ont voté contre le retour en arrière vont voter jeudi pour le retour des éléphants?» qui sont pour beaucoup derrière Hélène Geoffroy, demandait-il lundi.
Son entourage affirme qu’il dispose déjà d’«une majorité absolue au conseil national» (sorte de parlement de la formation, ndlr), grâce à l’appui d’au moins 60 premiers secrétaires fédéraux, qui comptent pour un tiers dans la composition du conseil. Il s’agit d’une projection, le vote des premiers fédéraux n’aura lieu qu’en février.