ÉditorialLoi Covid-19: dernière ligne droite dans la douleur
Le résultat qui sortira des urnes dimanche prochain, quel qu’il soit, aura de la peine à apaiser les vives tensions de cette campagne. Un climat de défiance semble s’installer durablement en Suisse, comme ailleurs.
- par
- Eric Felley
Au début de cette dernière semaine de campagne, les opposants à la loi Covid-19 font signer une «pétition pour un vote équitable», qui a déjà recueilli ce lundi 43 000 signatures. Ils dénoncent une fois de plus l’absence de référence au certificat sanitaire ou au traçage digital sur le bulletin de vote, ce pourquoi leur référendum a été lancé. Dans les cantons, 750 personnes ont déjà déposé des recours contre cet objet pour la même raison.
Ce nombre élevé de signatures et de recours montre une fois de plus la très forte mobilisation des opposants. Mais doivent-ils craindre un vote inéquitable? Le fait de voter est déjà en soi une garantie démocratique. La Suisse est le seul pays du monde, où le peuple est appelé à se prononcer sur des mesures décrétées dans le cadre de la pandémie. Au mois de juin, il a soutenu la loi Covid-19 sur des aspects qui concernaient les aides financières.
Manipulation et trucage?
Ce 28 novembre, le certificat sanitaire est au cœur de la tempête qui s’est abattue sur l’opinion ces dernières semaines. Les opposants ne peuvent pas prétendre que la population serait trompée sur la nature du vote. La campagne du non a été massive et largement relayée par les médias. Parler de manipulation ou d’un éventuel trucage des résultats, c’est prendre la posture du mauvais perdant sur un fond de complot. Dans chaque commune, dans chaque bureau de vote, dans chaque chancellerie cantonale se trouvent des personnes qui feront leur travail honnêtement dimanche prochain, comme elles le font à chaque votation.
La campagne du «oui» s’est faite plus discrète. S’afficher en faveur de cette loi revenait à s’exposer en retour à l’agressivité, à l’intimidation ou à la menace. Le débat sur le certificat sanitaire aurait-il pu avoir lieu avec plus de sérénité? C’est difficile à imaginer, tant certains considèrent aujourd’hui l’outrance comme la seule rhétorique efficace pour gagner des voix. Mais ce phénomène n’est pas propre à la Suisse. Partout autour de nous, le climat se dégrade en batailles rangées.
Culture respectueuse?
Dans ce contexte, des actions d’apaisement ont été lancées ces derniers temps. La Société suisse d’utilité publique (SSUP), qui gère la praire du Grütli, a lancé la semaine dernière «une campagne nationale pour la cohésion en Suisse». Son objectif est «de faire en sorte qu’à l’avenir, tous les débats et toutes les controverses politiques se déroulent à nouveau dans le cadre d’une culture respectueuse du dialogue démocratique». Voilà de nobles intentions, mais est-ce encore possible? Pour une frange de la population, qui se reconnaît dans la lutte antisystème contre la loi Covid-19, cette «culture respectueuse» est un des éléments du problème qu’elle entend démasquer. On verra dimanche dans les urnes quelle est la réelle ampleur de ce phénomène.