CinémaSuites judiciaires après le suicide assisté d’une actrice italienne en Suisse
Le fils de Sibilla Barbiera risque 12 ans de prison pour avoir accompagné et aidé sa mère atteinte d’un cancer à venir mourir dans notre pays.
- par
- Michel Pralong
Sibilla Barbieri était une productrice, scénariste et comédienne italienne. Elle a notamment joué dans un épisode de la série italienne «Don Matteo», avec Terence Hill, et avait monté sa propre maison de production, La Siliàn, en 2008. Atteinte d’un cancer en phase terminale, cette femme de 58 ans avait demandé en août à pouvoir recourir au suicide assisté en Italie.
Mais en septembre, cela lui a été refusé, car les experts ont estimé qu’elle ne répondait pas aux conditions d’une procédure très stricte en Italie, qui ne dispose pas d’une loi nationale sur le suicide assisté. On lui reprochant notamment de ne pas être dépendante d’un traitement qui la maintenait en vie. «Il s’agit d’une discrimination très grave entre les patients atteints de cancer et ceux qui se trouvent également dans d’autres conditions non terminales» a-t-elle dit dans la dernière vidéo publiée en ligne avant de quitter le pays, comme le relate «La Repubblica». C’est pour cette raison que j’ai librement décidé de demander de l’aide en allant en Suisse, car j’ai les 10 000 euros nécessaires et je peux encore y aller physiquement.»
«Mais toutes les autres personnes condamnées à mourir d’une maladie parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer, parce qu’elles n’en ont pas les moyens, parce qu’elles sont seules ou n’ont pas les informations, comment font-elles? C’est une autre discrimination grave à laquelle l’État doit remédier» à ajouter Sibilla.
L’actrice s’est donc administrée elle-même le médicament dans une clinique suisse, annonce ce 6 novembre l’Association Luca Coccioni, qui l’aidait dans ses démarches. Elle était accompagnée dans ce voyage par son fils et par l’ancien sénateur radical Marco Perduca, membre de l’Association. Les deux hommes se présenteront mardi 7 novembre aux carabiniers à Rome, où ils risquent jusqu’à 12 ans de prison pour avoir aidé Sibilla Barbiera à venir mourir en Suisse.