ArmementLa Suisse va mettre à la poubelle ses unités du système de défense Rapier
L’armée est en train de se débarrasser d’armes qui, selon des élus, auraient pu servir en Ukraine. Mais le pays de fabrication, le Royaume-Uni, n’en veut plus non plus.
Il s’agit d’un système qui «se distingue par un temps de réaction court, une grande précision de tir et une puissance de destruction considérable», écrit l’armée suisse sur son site. Ce système se nomme Rapier et nous vient du Royaume-Uni. Il a notamment servi à la protection de l’espace aérien pendant les JO de Londres en 2012. Mais la Suisse n’en veut plus, comme le confirme Armasuisse à la «NZZ am Sonntag».
Toutes les unités dont la Suisse dispose sont en train d’être mises hors service et débarrassées via des entreprises d’élimination certifiées. Étonnement chez des élus: alors que la Suisse s’écharpe sur la légalité de réexporter des armes suisses en Ukraine selon le droit de la neutralité, envoyer ce matériel de guerre sur le front n’aurait posé aucun problème juridique puisque ce ne sont pas des armes suisses, mais britanniques. «Il est absurde que nous mettions à la ferraille des armes de défense qui fonctionnent», dit le conseiller national François Pointet (Vert’lib/VD).
Disparition prévue déjà avant la guerre
C’est en 2020 que le Conseil fédéral a amorcé le processus de remplacement du système Rapier pour choisir à la place un système de défense sol-air plus moderne, le Patriot, fabriqué aux États-Unis. «Au moment de l’acquisition, Rapier s’était imposé comme le système d’engins guidés le meilleur marché face à ses concurrents. En 1984, les premières unités avaient été livrées», rappelle l’armée. Vieillissant, le Rapier devait faire l’objet de tirs de contrôle pour vérifier son bon état de marche et sa sécurité. Sauf que la Suisse, trop densément peuplée, ne pouvait le faire sur son territoire. Pour ce faire, l’armée suisse allait faire ses tirs… sur les îles Hébrides, au large de l’Écosse.
Les Britanniques se sont aussi débarrassés des leurs
Le système Rapier a été acheté au Royaume-Uni, d’abord dans les années 1980 puis encore en 2007. La loi prévoit que la Suisse puisse rendre ce matériel au pays à qui elle l’a acheté. Et celui-ci peut ensuite en faire ce qui lui sied, comme l’envoyer en Ukraine, par exemple. Mais les Anglais n’en ont pas fait la demande. La Suisse ne le leur a d’ailleurs pas proposé non plus.
La mise hors service de ces armes avait aussi fait du bruit au Royaume-Uni justement. Interrogé par la «NZZ», le Département britannique de la défense confirme que tous ses systèmes Rapier ont déjà été mis au rebut en 2021, avant même le début de la guerre en Ukraine. Une fois que le conflit avait éclaté, des critiques s’étaient levées. L’Ukraine aurait pu utiliser ces armes. Elle ne les aura pas eues. Et n’aura donc pas non plus celles de la Suisse.
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