SuisseLa crise serait moins grave que l’on pense
L’ex-Monsieur Prix Rudolf Strahm relativise la crise économique actuelle. Il met la BNS en garde contre une hausse des taux d’intérêt pour éviter la récession et en appelle à des réductions de primes maladie pour les familles.
Alerte climatique, pandémie, puis la guerre en Ukraine suivie de la crise énergétique et les inquiétudes quant à ses conséquences économiques: une succession rapide de mauvaises nouvelles qui fait subjectivement paraître la situation actuelle comme étant «plus grave qu’elle ne l’est objectivement». Du moins pour Rudolf Strahm, âgé de 79 ans, qui a vécu plus d’une crise. Dans une longue interview à la «SonntagsZeitung», le socialiste et ancien Surveillant des prix note ainsi que ce sont surtout les personnes jeunes, qui n’ont pas encore connu de véritable crise dans leur vie, qui en souffrent et «vivent souvent la situation actuelle comme une menace».
Tournant conjoncturel
«Sur le plan économique, nous nous portons toujours bien, voire très bien», dit-il. Il souligne notre «taux de chômage presque historiquement bas» et le «renchérissement modéré de 3% qui recule déjà un peu». Mais il reconnaît que nous sommes à un tournant conjoncturel. Il prévoit ainsi une stagnation, voire une légère récession «dans le pire des cas». Cela à cause des tarifs élevés de l’énergie et des problèmes économiques dans toutes les grandes régions économiques du monde. Le scénario d’avenir le plus probable pour le septuagénaire: que, «à un moment ou à un autre de l’année prochaine, probablement plutôt à l’automne, un cessez-le-feu devrait être conclu en Ukraine. D’ici là, nous pourrons tenir le coup sur le plan économique.»
«La BNS ne peut pas augmenter massivement les taux»
La réaction de la Banque nationale suisse (BNS) à la situation actuelle jouera un rôle décisif aussi pour le futur: «La BNS ne peut plus augmenter massivement les taux d’intérêt maintenant que le ralentissement vient déjà du marché mondial. Nous sommes en effet confrontés à une inflation classique induite par l’offre», dit-il. Car le renchérissement actuel est surtout dû aux prix élevés de l’énergie et aux chaînes logistiques interrompues. «On ne peut pas lutter contre le renchérissement du gaz et du pétrole avec des taux d’intérêt élevés – ou alors seulement avec des coûts extrêmement élevés. Cela ne fait qu’étouffer l’économie réelle», dit-il sans détour Il espère ainsi que la BNS «ne cédera pas à la pression de l’économie financière, qui pousse à des taux d’intérêt plus élevés pour son propre intérêt.»
Coupures d’électricité «peu probables»
Rudolf Strahm estime qu’on peut partir du principe qu’il n’y aura pas de coupures de gaz et d’électricité cet hiver, sauf en cas d’hiver extrêmement rigoureux. «Les plans d’urgence de la Confédération sont prêts; et des productions d’électricité de remplacement sont prévues avec des groupes électrogènes, des centrales diesel de secours et des réserves hydroélectriques (extrêmement coûteuses).»
Extension ciblée des réductions de primes maladie aux familles
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