Conflit Israël-Hamas: Joe Biden tente de souder l’Amérique derrière Israël

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Conflit Israël-HamasJoe Biden tente de souder l’Amérique derrière Israël

Le président américain pourrait perdre une partie de son électorat démocrate qui souhaite se distancier de l’État d’Israël, notamment les jeunes. 

Le président Joe Biden s’est déjà rendu deux fois dans une zone de conflit qui n’est pas sous contrôle américain.

Le président Joe Biden s’est déjà rendu deux fois dans une zone de conflit qui n’est pas sous contrôle américain. 

AFP

Joe Biden, en campagne pour un second mandat, veut souder les Américains derrière la défense d’Israël et de l’Ukraine, un pari risqué qui pourrait braquer ses adversaires politiques tout en crispant une partie de son électorat.

Le président américain s’adressera jeudi à la nation à 20h locales, depuis le Bureau ovale, sur la «réponse (des États-Unis) aux attaques terroristes du Hamas contre Israël et à la brutale agression de l’Ukraine par la Russie». Rentré mercredi soir de Tel-Aviv où il a effectué un voyage périlleux à bien des égards, le démocrate de 80 ans croit pouvoir forger un consensus politique, ou au moins budgétaire, en joignant dans une même cause deux pays en guerre, soutenus par Washington et qu’il a visités. Avant sa visite à Kiev en février, jamais un président n’était allé dans une zone de conflit qui n’ait été sous le contrôle de l’armée américaine, ce que Joe Biden a donc fait deux fois.

100 milliards de dollars

Selon une source proche des discussions interrogée mardi par l’AFP, la Maison-Blanche veut réclamer au Congrès une énorme enveloppe de 100 milliards de dollars pour l’Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière avec le Mexique. Si les adversaires républicains de Joe Biden sont hésitants sur l’aide militaire à l’Ukraine, ils sont les premiers à réclamer un appui massif à Israël, une posture musclée sur l’immigration et une attitude ferme face à la Chine.

Mais les conservateurs sont aussi accaparés par leurs querelles internes. Le Congrès de la première puissance mondiale est paralysé, parce que la droite dure essaie sans succès d’imposer l’un des siens comme chef de la Chambre des représentants. Face à ce chaos, Joe Biden veut se présenter en homme de décision, d’action, quand les sondages disent l’inquiétude de l’électorat sur son âge et son énergie. Mais le président américain prend un risque: s’il n’arrive pas à rassembler suffisamment de voix au Congrès, où il ne contrôle que le Sénat, les États-Unis vont tout droit à la paralysie budgétaire, au «shutdown», le 17 novembre.

«Le Hamas va l’utiliser (l’aide humanitaire) à des fins terroristes»

Arrivera-t-il à rallier quelques républicains modérés, quand son grand rival Donald Trump exerce une influence énorme sur le parti? Le positionnement de Joe Biden sur Israël lui vaut des louanges jusque dans les sphères conservatrices. Richard Haas, ancien conseiller diplomatique dans l’administration de George W. Bush, a qualifié de «magistral» le discours du président américain à Tel-Aviv.

Mais une entrée franche du Hezbollah pro-iranien dans la guerre entre Israël et le Hamas ferait ressurgir immédiatement les accusations de la droite sur la complaisance supposée de Joe Biden face à Téhéran. Le gouverneur de Floride Ron Desantis, candidat à l’investiture républicaine, a lui déjà étrillé l’annonce d’une aide humanitaire américaine de 100 millions de dollars pour la bande de Gaza: «Le Hamas va l’utiliser à des fins terroristes».

Jeunes électeurs plus réticents

À l’inverse, que Joe Biden ait obtenu de faire entrer quelques camions d’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne ne suffira pas à l’aile gauche du parti démocrate. Certains de ses représentants réclament plus de distance avec le gouvernement israélien ainsi que plus d’empathie pour les civils palestiniens, pris dans les bombardements incessants d’Israël et massivement déplacés vers le sud.

Sur X (anciennement Twitter), l’élue progressiste Cori Bush a appelé à un «cessez-le-feu immédiat», comme la centaine de manifestants qui ont occupé mercredi un bâtiment du Congrès, à l’appel du mouvement Jewish Voice for Peace (Voix juive pour la paix).

Les jeunes électeurs américains, en général, ne se reconnaissent guère dans l’attachement viscéral à la sécurité d’Israël de nombreux responsables politiques de la génération de Joe Biden. Ce dernier évoque par exemple très souvent une conversation avec l’ancienne Première ministre israélienne Golda Meir, remontant au début des années 1970. Selon un sondage publié cette semaine par l’université Quinnipiac, les électeurs américains de moins de 35 ans sont majoritairement hostiles (à 51%) à des livraisons d’armes à Israël, alors que les électeurs plus âgés y sont majoritairement favorables. En 2020, c’est entre autres grâce à la forte mobilisation de jeunes électeurs que Joe Biden l’avait emporté.

(AFP)

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