Réforme AVS 21: «Nous ne sommes plus prêtes à prendre une gifle supplémentaire»

Publié

Réforme AVS 21«Nous ne sommes plus prêtes à prendre une gifle supplémentaire»

Les femmes de gauche ont hurlé leur colère lundi sur la place de la Gare à Berne après l’acceptation à la raclette de la réforme AVS 21. Elles ont appelé à la grève féministe le 14 juin prochain

Christine Talos
par
Christine Talos

Près d’un millier de femmes ont répondu à l’appel des femmes socialistes suisses et ont manifesté lundi à Berne pour crier leur colère et appeler à la Grève féministe le 14 juin 2023. Elles ont dit toute leur rage après le oui du peuple dimanche à la réforme AVS 21 qui les fera travailler une année de plus. À l’image de Tamara Funiciello, conseillère nationale (PS/BE) et coprésidente des Femmes socialistes suisses, particulièrement remontée: «Je suis tellement furieuse! De vieux hommes riches ont imposé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes contre la volonté de la majorité d’entre elles», a-t-elle hurlé, sous un tonnerre d’applaudissements. Les rentes des femmes seront ainsi réduites de 7 milliards de francs au total au cours des dix prochaines années – une gifle pour toutes les citoyennes de notre pays.

«Lutter contre le fléau du patriarcat»

«Aujourd’hui déjà, les femmes reçoivent un tiers de rente en moins que les hommes, une femme sur dix dépend des prestations complémentaires après la retraite et désormais, les rentes des femmes sont encore réduites. «Le oui à AVS 21 est un signe clair que, malgré les 40 ans d’existence de l’article sur l’égalité, nous n’avons pratiquement rien obtenu», a ajouté Martine Docourt, co-présidente des Femmes socialistes suisses.

«Nous voulons que les femmes obtiennent enfin l’égalité salariale», a-t-elle ajouté en rappelant qu’il y a toujours 20% d’écart aujourd’hui. «Nous devons revendiquer une revalorisation des métiers encore majoritairement féminins, dans les soins, la vente, ou la restauration. Ce qui passe par un salaire minimum», a-t-elle plaidé. «Nous voulons une nouvelle grève féministe pour dire que nous ne sommes plus prêtes à prendre une gifle supplémentaire. Nous appelons aux actions en Suisse pour faire face à ce fléau qu’est le patriarcat dans ce pays.»

«Une retraite à deux vitesses»

«On est en train de mettre en place une retraite à deux vitesses», constate de son côté la conseillère nationale Valérie Piller Carrard (PS/FR), présente à Berne elle aussi. «Les personnes qui auront les moyens pourront toujours partir avant 65 ans, et les personnes qui n’auront pas le choix devront travailler cette année de plus», critique-t-elle.  «Nous allons désormais mettre toutes nos forces dans le 2e pilier, améliorer très clairement la situation des femmes dans leurs rentes vieillesse, notamment pour les temps partiels et les bas revenus».

Parmi les femmes dans la foule, plusieurs syndicalistes de Syndicom, à l’image de Camille Golay, venue avec sa mère manifester. «J’ai la rage de ce qui s’est passé dimanche, je suis venue dire aux femmes bourgeoises qui ne nous ont pas soutenues que c’est une honte», dit-elle Sa mère, Claudette, renchérit: «elles n’ont pas fait preuve de solidarité!» Cap maintenant sur le 2e pilier pour elles aussi: «On attend un réel soutien de la part du Parlement et du Conseil fédéral. On n’acceptera pas une baisse de plus de nos rentes!»

Pas le droit de vote

Camille Golay soulève en outre un autre problème: «Les femmes concernées par cette réforme sont souvent précarisées et n’ont pas forcément le droit de vote car elles ont un permis B ou C; ce sont des femmes de ménage, des caissières dans des grands groupes qui ont pourtant les moyens; il y a un problème de justice sociale», souligne-t-elle. Sa collègue Patrizia Mordini abonde: il faut maintenant que le peuple accepte l’initiative des syndicats pour une 13e rente AVS, selon elle. 

Lancement d’une «déclaration» à signer

Ton opinion

76 commentaires