Ski de fondOn a retrouvé le légendaire Koni Hallenbarter
L’ancien fondeur, seul vainqueur suisse de la mythique Vasaloppet en 1983, était aux premières loges pour le retour de la Coupe du monde dans la vallée de Conches ce week-end.
- par
- Lucien Willemin - Ulrichen
Quand on discute avec Koni Hallenbarter autour d’un café, dans sa boutique, il faut être prêt à devoir interrompre la conversation toutes les deux minutes pour lui permettre de saluer un client, qui est souvent un ami. Ce samedi à Obergesteln, au fin fond de la vallée de Conches, l’ancien fondeur nous a raconté le lien étroit qu’entretient sa région avec le ski de fond, son excitation à propos du retour de la Coupe du monde à quelques encablures de là (au centre nordique de Goms), et bien sûr, son mythique succès à la Vasaloppet, la plus ancienne course de ski de fond du monde.
Ce week-end, la vallée de Conches a retrouvé la Coupe du monde pour la première fois depuis 24 ans. C’était la fin d’une longue attente?
Oui. La première fois qu’elle est passée ici, c’était en urgence pour remplacer une étape prévue au Brassus qui n’avait pas pu tenir par manque de neige. Il avait fallu organiser en moins d’une semaine. Mais depuis, la priorité a toujours été donnée à Davos, qui est une plus grande station. C’est une ville alors qu’ici, il n’y a que des petits villages. Mais cette année, Davos a hérité d’une étape du Tour de Ski et la vallée de Conches a eu l’opportunité de retrouver la Coupe du monde.
Il y en aura d’autres dans le futur?
Je l’espère car nous disposons maintenant d’un tout nouveau centre et d’un stade, aux normes de la FIS, qui ont demandé un investissement de 15 millions de francs. Il y a aussi un pas de tir pour le biathlon, une tribune pour les spectateurs et beaucoup de place, tout en étant accessible en voiture et en train. J’espère que nous pourrons organiser une étape une année sur deux, même si cela demande une grosse organisation. Pour l’instant, les spectateurs ont montré qu’ils étaient intéressés.
Pourquoi cette région est-elle autant liée au ski de fond?
La première raison est la topographie de la vallée, assez plate, qui rend la pratique du ski de fond très facile. L’altitude, entre 1300 et 1400 mètres, amène un enneigement idéal tout au long de l’hiver. C’est vraiment un terrain propice à l’apprentissage de la technique. Toute la vallée est accessible en train, avec une succession de petits villages sont reliés par les pistes. Il y a une multitude de petits bistros et restaurants. Sans oublier tous les fondeurs professionnels de la région qui ont représenté la vallée de Conches aux Jeux olympiques (ndlr: lui-même a participé aux JO 1980, 1984 et 1988). Pour moi, on peut dire que c’est la Mecque du ski de fond en Suisse.
Et vous, qu’est-ce que vous faites aujourd’hui?
J’essaie de profiter de la retraite! Nous essayons de maintenir le magasin depuis la disparition de Simon (ndlr: son neveu, un ancien biathlète, avait repris la boutique en 2014 avant de décéder tragiquement en 2022). Je continue aussi de donner quelques cours aux enfants, mais moins qu’auparavant.
Comment jugez-vous l’évolution du ski de fond ces dernières années?
Je constate une certaine hausse de popularité depuis le Covid. On voit de plus en plus de jeunes et des couples venir pratiquer dans la région, et beaucoup de Romands. Ce sont souvent des gens qui font du vélo ou de la course à pied en été et qui complètent avec le ski de fond en hiver. C’est vraiment une discipline idéale et accessible qui combine parfaitement l’endurance et la technique sans demander de capacités physiques particulières.
Parlez-nous un peu de votre succès à la Vasaloppet (Wasalauf), en 1983. Vous êtes le seul Suisse à y avoir triomphé…
J’ai toujours aimé la compétition et j’avais toujours la «Wasa» en tête. Je n’avais jamais couru 90 km d’une traite mais je m’étais toujours dit que c’était une épreuve faite pour moi. Je me suis préparé pendant une année pour être prêt. Chez les Scandinaves, il y a vraiment des spécialistes de ces longues distances mais j’ai eu la chance d’avoir un entraîneur suédois chez qui j’ai pu m’entraîner. Il me donnait beaucoup de conseils tactiques. Il y avait quatre champions du monde norvégiens au départ. Le tempo était tellement élevé… Après 30 kilomètres je me suis dit que ça allait être très compliqué. Mais je me suis accroché et plusieurs favoris ont eu des défaillances. Au sprint, je savais que je n’avais aucune chance sur 50 mètres alors j’ai attaqué à 400 mètres de la ligne et ça a suffi. J’ai été le premier à la terminer en moins de 4 heures!
Quelle est la différence entre les fondeurs norvégiens et les Suisses?
C’est leur sport national alors que nous sommes plutôt un pays de ski alpin. Cela dit, les Norvégiens sont aussi très bons en alpin de nos jours, même si les fondeurs sont toujours mieux considérés. Je lisais une interview d’Aleksander Kilde à ce sujet! Mais ils sont surtout extrêmement forts mentalement. Aussi, ils possèdent tous des skis de fond à la maison et il y a une quantité folle de clubs très bien organisés. C’est vraiment le pays du ski de fond.