Football – A Bordeaux, «il n’y a pas le feu» pour Petkovic

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FootballÀ Bordeaux, «il n’y a pas le feu» pour Petkovic

Officialisé à la tête des Girondins fin juillet, Vladimir Petkovic connaît des débuts en Ligue 1 mi-figue, mi-raisin avec Bordeaux. Retour sur ce premier quart de championnat délicat pour l’ancien sélectionneur de l’équipe de Suisse.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Vladimir Petkovic a besoin de temps à Bordeaux.

Vladimir Petkovic a besoin de temps à Bordeaux.

AFP

Une seule petite victoire en neuf sorties de Ligue 1: après un quart de championnat, le bilan intermédiaire de Vladimir Petkovic à la tête des Girondins de Bordeaux n’est pas franchement reluisant. Il faut dire qu’en quittant son poste de sélectionneur de l’équipe de Suisse le 27 juillet dernier, soit 12 jours seulement avant le premier match officiel de la saison du club bordelais, le technicien de 58 ans n’est pas arrivé en France dans les meilleures conditions.

«Les dirigeants avaient d’ailleurs prévenu d’emblée qu’il allait falloir attendre le mois de septembre pour juger l’équipe. La vente du club et le changement d’entraîneur se sont faits tardivement, alors que le mercato a été tronqué par les contraintes imposées par la DNCG (ndlr: Direction nationale du contrôle de gestion)», rappelle Emery Taisne, journaliste à L’Équipe.

Nouveau propriétaire des Girondins depuis le 23 juillet, Gérard Lopez avait alors rapidement jeté son dévolu sur le «Mister», sans toutefois mettre à disposition de ce dernier un effectif étincelant. «Le changement d’actionnaire ne peut être que bénéfique pour le club et le choix de Lopez de miser sur Petkovic me paraît judicieux. Il faudra toutefois voir si les nouvelles possibilités financières permettront à Bordeaux de se renforcer dès le mercato hivernal ou si, au contraire, l’équipe va encore s’affaiblir», souligne pour sa part Rolland Courbis.

«Bordeaux est en danger de relégation»

Rolland Courbis

Une situation délicate qui inquiète l’ancien entraîneur des Girondins (1992-1994, 1996-1997). «Bordeaux est en danger de relégation. L’équipe doit donc se renforcer en recrutant, ce qui n’est pas évident car le club a besoin de faire des bénéfices sur la vente des joueurs. Et je rappelle d’ailleurs que ce n’est pas en vendant les mauvais qu’on fait des bénéfices», ajoute le consultant chez RMC.

Avec déjà 20 buts encaissés en championnat (pire bilan de la ligue), le secteur défensif des Marines et Blancs pose problème et se doit d’être amélioré en janvier. «L’équipe concède effectivement énormément de buts. J’ai l’impression que Petkovic n’a pas encore trouvé soit le bon schéma, soit les bons joueurs. Il change, en effet, beaucoup de systèmes de jeu. Cette polyvalence m’a d’ailleurs surpris par rapport aux échos que j’avais venant de Suisse. J’avais l’impression qu’à la tête de la sélection, une fois qu’il avait son schéma, ce dernier bougeait très peu et les joueurs savaient comment ils allaient évoluer. Ce n’est visiblement pas encore le cas à Bordeaux», explique encore Emery Taisne, spécialiste des Girondins pour le quotidien sportif français.

«Il faut toutefois comparer ce qui est comparable, embraye Rolland Courbis. Petkovic possédait en équipe de Suisse une vingtaine de joueurs intéressants et complémentaires, alors que le groupe bordelais est en pleine construction, mais aussi en pleine destruction. Ce n’est donc pas facile d’arriver dans de telles conditions. Pour le moment, on ne voit donc pas trop la patte de Petkovic.»

Des circonstances atténuantes

L’analyse de l’ancien entraîneur du FC Sion (six matches en 2012) est quelque peu nuancée par Emery Taisne. «On la voit par intermittence. On sent bien que sa volonté est de jouer haut et d’axer son jeu sur les côtés avec les deux pistons que sont Timothée Pembélé et Ricardo Mangas. Le problème est que cette tactique lui a joué des tours, comme à Nice, lorsque l’équipe a voulu jouer très haut et qu’elle s’est fait punir sur des transitions rapides. Pour jouer de la sorte, il manque peut-être un défenseur central rapide», note le reporter.

Au rayon des absences, le coach helvético-bosnien a aussi dû régulièrement faire sans plusieurs cadres (Laurent Koscielny, Gideon Mensah, Junior Onana, Alberth Elis) et n’a pas encore pu aligner M’Baye Niang, débarqué fin septembre du Stade Rennais en qualité de joker, sur le front de l’attaque. Si Vladimir Petkovic semble donc posséder un wagon de circonstances atténuantes qui expliquent ces débuts poussifs, l’ancien homme fort de la Nati va néanmoins devoir rapidement trouver des solutions.

«Le défi de Petkovic est de corriger la frilosité défensive et de trouver la bonne formule pour que ses milieux sécurisent davantage son arrière-garde, afin que cette dernière soit moins exposée. Depuis la dernière trêve internationale de septembre, on sent d’ailleurs bien qu’il a voulu prendre les choses en main. Il a ainsi doublé les séances physiques car il a constaté que son équipe n’était pas prête sur ce plan. Au niveau des satisfactions, l’ambiance au sein d’un groupe régénéré est bien meilleure que lors des précédentes saisons, lors desquelles le climat était délétère entre les supporters et la direction. Bordeaux a également montré énormément de caractère pour revenir au score depuis le début de la saison. Sur le plan mental, l’équipe a donc montré des choses», ajoute Emery Taisne.

«Le club ne se pose pas de question concernant l’avenir de Petkovic»

Emery Taisne

Des signaux encourageants qui permettent au natif de Sarajevo d’être solidement installé dans son siège d’entraîneur, même si l’objectif fixé par ses dirigeants est de figurer parmi les dix premiers du classement en fin d’exercice. «Le club a estimé que Petkovic est la personne idoine pour mener à bien ce projet et répondre aux ambitions des dirigeants. L’entraîneur reste évidemment dépendant de ses résultats, mais le club ne se pose pas de question concernant l’avenir de Petkovic. Il n’y a pas le feu pour l’instant», confirme le journaliste.

Un constat d’ailleurs partagé par Rolland Courbis: «Je vois Petkovic et Lopez aller main dans la main au moins jusqu’au terme de la saison actuelle. Il y a quand même un objectif qu’on a tendance à oublier: à l’image de Saint-Étienne, Bordeaux doit avant tout se maintenir. L’image de Petkovic n’a pas encore été écornée, mais elle pourrait l’être en cas de relégation. Ne pas descendre avec les Girondins serait déjà considéré comme un exploit.»

Actuellement 16e de Ligue 1, le club bordelais espère donc prendre de l’air avec la zone rouge dès dimanche (15h) face à Nantes lors du derby de l’Atlantique. Un succès qui permettrait à l’ancien sélectionneur de l’équipe de Suisse de répondre aux attentes placées autour de lui à son arrivée. «Petkovic était arrivé à Bordeaux avec l’image du sélectionneur qui avait fait tomber l’équipe de France à l’Euro. Il avait l’image d’un entraîneur fédérateur à la stature internationale. Son arrivée suscitait donc une vraie curiosité. Aujourd’hui, l’espoir qu’il soit enfin l’entraîneur qui remet Bordeaux à une place un peu plus conforme à son présumé statut demeure», conclut Emery Taisne.

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