PandémieLe National prolonge la loi Covid-19 jusqu’en 2024
Dans la crainte d’un retour de pandémie, le Conseil national prolonge la loi Covid-19 avec le certificat, l’application SwissCovid et les tests gratuits. Sans référendum possible.
- par
- Eric Felley
Le Conseil national a prolongé ce mardi certaines dispositions de la loi Covid-19 jusqu’à juin 2024. Les bases légales pour le certificat, pour l’application SwissCovid et la gratuité des tests de dépistage, ont été prolongées. L’UDC refusait l’entrée en matière, mais elle a été minorisée par 130 voix à 43. Dans la foulée, le Conseil national a voté l’urgence, sans possibilité de référendum, car la loi doit entrer en vigueur au 1er janvier.
«Vous avez détruit des milliers d’existences»
Andreas Glarner (UDC/AG) a replongé le Parlement dans les polémiques qui ont marqué l’évolution de cette loi attaquée deux fois par référendum: «Nous prolongeons cette loi au mépris de tout ce qui s’est passé, s’est-il emporté. Même l’OMS nous dit qu’il n’est pas certain que c’était une pandémie.» L’Argovien a dénoncé des «mesures restrictives massives» qui ont été décidées au Parlement en accusant ses collègues: «Vous avez détruit des milliers d’existences (…) Vous avez tout fait pour stigmatiser les personnes non vaccinées». Il s’en est pris aux médias complices, qui ont «disséminé cette peur… Tout cela était dégoûtant».
«Après le match, c’est encore le match»
Mais dans les autres partis la prudence est de mise, car le virus pourrait revenir: «Après le match c’est encore le match, a déclaré Lorenz Hess (C/BE). Nous avons encore un risque avec le Covid et certains outils doivent rester». Pierre-Yves Maillard (PS/VD) a plaidé pour des «adaptations pragmatiques». «Le Covid est encore dans notre réalité», a ajouté Jörg Mäder (VL/ZH). Et pour Benjamin Roduit (C/VS): «La société doit se préparer à une gestion à long terme du coronavirus».
Prolonger le nécessaire
Le chef de la Santé, Alain Berset, dit s’attendre à de «nouvelles phases de Covid d’ampleur variable, dont on ne peut pas prédire l’intensité. Pour protéger la santé publique, il faut garder ces mesures pour les deux prochains hivers. L’idée est de conserver quelques outils qui ont fait leur preuve. Prolonger le nécessaire pour faire face dans cette phase de transition».
Mesures de protection abandonnées
La socialiste Flavia Wasserfallen demandait d’en faire de même avec les aides économiques et les mesures de protection des travailleurs, qui concernaient le secteur agricole, la construction, les artisans ou les ouvriers. Mais Alain Berset et la droite du Conseil national ont estimé que ces mesures ne se justifient plus, alors que la situation est redevenue normale.
L’UDC a bien entendu proposé de supprimer le certificat, mais s’est retrouvé seule à nouveau. «Nous ne savons pas jusqu’à quand d‘autres pays vont exiger le certificat, a précisé Alain Berset. Nous avons besoin de cette compatibilité au plan international pour un pays aussi interconnecté que le nôtre».
La Confédération doit continuer de payer
Le débat a également porté sur les coûts des tests gratuits. Dans son projet de loi, le Conseil fédéral avait attribué la facture aux cantons: «La Confédération ne peut pas continuer, a plaidé Alain Berset, en situation normale et indéfiniment, à supporter la plus grande part de la responsabilité et de la charge financière de la lutte contre le Covid-19». Mais le Conseil national en a décidé autrement. Selon les chiffres avancés, cela représente tout de même 640 millions de francs.
Le débat a porté enfin sur les réserves hospitalières pour cet hiver. Certains cantons sont mieux préparés que d’autres. Le Conseil national a adopté une disposition pour que ceux qui accueillent des patients d’autres cantons soient financièrement dédommagés.