Parlement européenCréation d’une commission d’enquête sur le logiciel espion Pegasus
L’outil informatique permet d’activer à distance les caméras et micros d’un smartphone. La commission se penchera sur son utilisation présumée dans l’UE, notamment en Hongrie et en Pologne.
Le Parlement européen a voté jeudi la création d’une commission d’enquête spéciale sur l’utilisation présumée dans l’UE, notamment en Hongrie et en Pologne, du logiciel espion israélien Pegasus ou d’autres logiciels de surveillance.
Cette commission, décidée par 635 voix d’eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg (36 contre et 20 abstentions), «se penchera sur les violations supposées de la législation européenne, y compris par la Hongrie et la Pologne, concernant l’utilisation du logiciel de surveillance», a expliqué le Parlement européen. Elle doit aussi analyser les législations nationales en matière de surveillance et vérifier «si le logiciel espion Pegasus a été utilisé à des fins politiques à l’encontre notamment de journalistes, de personnalités politiques ou d’avocats».
Demandée par de nombreux eurodéputés, cette commission est mise en place sur proposition de la conférence des présidents, rassemblant la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et les présidents de groupes politiques. Elle comptera 38 membres et a douze mois pour rendre son rapport final et émettre des recommandations.
Une «arme»
En juillet 2021, un consortium de médias internationaux a révélé que les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise avaient été espionnés via le logiciel Pegasus de la société privée israélienne NSO. Cet outil informatique, considéré comme une «arme» par la défense israélienne qui doit donner le feu vert à son exportation, permet d’activer à distance les caméras et les micros d’un smartphone.
En novembre 2021, un député du parti Fidesz au pouvoir en Hongrie, Lajos Kosa, a confirmé que son pays avait utilisé Pegasus, tout en affirmant que cela n’avait pas servi à espionner illégalement des citoyens hongrois. En Pologne, le président du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir, Jaroslaw Kaczynski, a admis le 7 janvier que son pays avait acheté le logiciel d’espionnage mais rejeté les accusations selon lesquelles il était utilisé contre l’opposition politique.