DioxinesBerne devra faire le point sur la pollution autour des usines d’incinération
Le cas de la dioxine à Lausanne a des suites à Berne. Le National a accepté un postulat demandant que le Conseil fédéral évalue l’ampleur des dégâts à l’environnement dus à ces usines ces 50 dernières années.
- par
- Christine Talos
Le Conseil fédéral devra évaluer l’ampleur de la pollution résultant de l’exploitation des usines d’incinération des déchets au cours des 50 dernières années. Le Conseil national a accepté jeudi un postulat en ce sens de Gabriela Suter (PS/AG). Le rapport doit en outre montrer comment les usines étaient équipées et comment elles étaient surveillées. Il devra aussi présenter les rôles et les responsabilités des différents acteurs impliqués, à savoir la Confédération, les cantons et les usines.
La conseillère nationale relevait dans sa demande que la Suisse comptait 30 usines d’incinération des déchets en activité, la plupart construites dans les années 1970. Hic: les mesures de protection des sols contre la contamination chimique n’ont été réglementées qu’en 1998. Et de rappeler qu’au printemps dernier, la ville de Lausanne a découvert des dioxines hautement toxiques sur des sites près de son ancienne usine d’incinération. «Neuf étaient tellement pollués que la ville et le canton en ont immédiatement restreint l’accès», a-t-elle souligné. «Il est à craindre que d’autres sols aux alentours d’autres installations, encore en exploitation ou non, soient aussi touchés».
Aux cantons de procéder aux analyses de sol
Une inquiétude partagée par le Conseil fédéral. «Les alentours de certaines autres usines d’incinération risquent de présenter également des taux élevés de dioxine», a reconnu la ministre de l’Environnement Simonetta Sommaruga. Le gouvernement est donc prêt à un tel rapport, mais sur la base des informations disponibles, a-t-elle précisé. Et avec l’aide indispensable des autorités cantonales et des exploitants des usines.
«Car pour avoir une certitude sur les pollutions réelles, c’est aux cantons de procéder à des analyses de sol près de ces usines», a expliqué la Bernoise. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs déjà entamé ces travaux (ndlr: le Valais vient de découvrir à Monthey une pollution similaire). «L’objectif du rapport doit donc être de soutenir ces travaux et de veiller à une clarification complète de la situation», a-t-elle indiqué. «Nous avons intérêt à obtenir des informations à ce sujet. Car à un moment donné, la question des responsabilités se posera».
Simonetta Sommaruga a également rappelé que l’automne dernier, le Conseil fédéral a mis en consultation un projet de révision de la loi sur la protection de l’environnement. Avec cette révision, il souhaite notamment accélérer l’assainissement des sols pollués sur lesquels les enfants en bas âge jouent régulièrement. «Le rapport demandé par le postulat est donc un complément utile aux travaux en cours», selon elle.