Nice (F)La justice suspend un arrêté interdisant la venue de Tariq Ramadan
Samedi, la justice française a fait un pied de nez à la mairie de Nice, qui voulait interdire la venue de l’islamologue Tariq Ramadan, fraîchement aquitté dans une affaire de viol.
Le tribunal administratif de Nice a suspendu samedi au nom de la liberté de réunion et d’expression un arrêté municipal pris pour interdire la venue dimanche de l’islamologue controversé Tariq Ramadan, attendu pour y animer un «déjeuner littéraire».
Rejoignant les arguments de la défense de Tariq Ramadan, le tribunal considère que cet arrêté «porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion et d’expression» et condamne la municipalité à verser 500 euros à Tariq Ramadan, selon une décision obtenue par l’AFP.
La ville de Nice, dirigée par Christian Estrosi (Horizons), avait elle notamment invoqué un «risque de trouble à l’ordre public», mettant en avant la possibilité qu’un collectif d’associations féministes ne vienne manifester. «Je regrette cette décision», a réagi Christian Estrosi dans une déclaration à l’AFP, estimant que Tariq Ramadan est un «prédicateur qui prône le séparatisme et l’avilissement des femmes» et qu’il n’est «pas le bienvenu à Nice».
Acquitté récemment
Figure contestée et à l’influence déclinante de l’islam européen, tout juste acquitté dans une affaire de viol en Suisse, Tariq Ramadan doit animer dimanche un «déjeuner littéraire» dans un restaurant niçois, auquel près de 80 personnes se sont inscrites. L’endroit est tenu secret et les participants ne recevront que deux heures avant le lieu de rendez-vous pour un échange autour de L’Alchimiste de Paolo Coelho suivi d’une «réflexion méditative».
Selon Me Sefen Guez Guez, qui a plaidé la cause de Tariq Ramadan lors de l’audience samedi, son client a animé 19 déjeuners littéraires de ce type depuis deux ans en France. Après celui de Nice, un autre est prévu en région parisienne le 18 juin.
Fin mai, Tariq Ramadan a été acquitté de l’accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal de Genève qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui dans cette affaire remontant à 2008. Il s’agissait du premier procès pour viol contre Tariq Ramadan, âgé de 60 ans. Il est menacé d’un procès en France pour des faits similaires.
Docteur de l’Université de Genève
En 2016, le tribunal administratif de Nice avait déjà rejeté la requête d’un élu du Front National qui demandait l’interdiction d’une de ses conférences à Carros (Alpes-Maritimes). Docteur de l’université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni.
En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas.