JuraUne grande dame de la BD va enchanter Delémont
L’invitée d’honneur du festival de ce week-end est la Française Florence Cestac, fondatrice des éditions Futuropolis et auteure de bijoux sensibles et drôles comme «Le démon de midi».
- par
- Michel Pralong
Chaque année (sauf évidemment quand la pandémie sévit) le festival Delémont’BD accueille un invité d’honneur, appelé le Grand Trissou. Cette année, qui voit justement le retour en plein de la manifestation, c’est une Grande Trissoue, et pas n’importe laquelle, puisque c’est une figure majeure de la bande dessinée: Florence Cestac.
Celle qui, à 22 ans, en 1972, reprend avec son compagnon Étienne Robial la libraire BD parisienne Futuropolis, va créer une maison d’édition du même nom qui se distinguera par la qualité des ouvrages publiés avec des auteurs comme Tardi ou Moebius notamment. Florence Cestac dessine aussi et se fait connaître avec des personnages à (très) gros nez, le premier le plus célèbre étant Harry Mickson, un mélange de Mickey et du détective Harry Dickson. Elle va également reprendre la série «Les Déblok» dans le «Journal de Mickey».
Auteure déjà bien établie, elle va prendre une nouvelle dimension dès 1996 en commençant une série d’albums plus ou moins autobiographiques, le premier étant «Le démon de midi ou changement d’herbage réjouit les veaux» qui raconte comment son compagnon l’a quittée pour une plus jeune. L’album est un triomphe et est adapté en one woman show joué par Michèle Bernier qui est, rappelons-le, la fille du professeur Choron. L’album connaîtra deux suites (pour l’instant) mais Florence Cestac raconte aussi ses années en pensionnat catholique dans «Filles des oiseaux» ou comment elle a dû aller avorter à Londres dans un bus spécial dans «Des salopes et des anges». Ce n’est qu’un aperçu de la vaste production de cette grande dame, qui a également consacré une série aux ados nommée… «Les Ados». Si vous ne connaissez pas Florence Cestac, précipitez-vous sur ses albums et commencez par «Le démon de midi», tant qu’à faire.
Deuxième femme seulement après Claire Bretécher à recevoir le Grand Prix de la ville d’Angoulême, en 2000, Florence Cestac continue à se battre pour le rayonnement de la BD, la reconnaissance des auteurs et la place des femmes dans le milieu. À Delémont, elle ne vient pas que dédicacer, elle va donner de sa personne. Elle réalisera une performance dessinée lors de la soirée d’ouverture vendredi 17 juin à 19 h, avec remise des prix de la BD suisse. Elle se présentera en dessin samedi à 14 h, donnera une leçon aux plus jeunes à 15 h 15, sera aux platines pour ouvrir le bal à 22 h avant de faire visiter le dimanche à 10 h 30 l’exposition «La vie d’artiste» qui lui est consacrée.
Le programme de cette édition est très riche, avec 50 auteurs invités et des nombreuses performances de Trondheim, Baladi ou Thomas Ott, de dessin de presse avec Pitch Comment et Debuhme, des deux lauréates des prix de la BD suisse 2021 Léonie Bischoff et Simone F. Baumann, une rencontre avec le toujours passionnant Étienne Davodeau («Le droit du sol») ou encore une leçon de dessin pour enfants de Bertschy. Ajoutez des concerts, des projections de films comme «L’ami Mix & Remix» et, bien sûr, Les jardins merveilleux, parcours muséal en plein air ouvert depuis le 10 juin et qui vous permettra de vous balader en BD dans Delémont jusqu’au 15 août. Rappel important: l’entrée à tout ceci est libre!