TourismeLa Grèce reste optimiste malgré la guerre en Ukraine
Le secteur grec du tourisme a reçu près de 850’000 annulations en provenance de Russie et d’Ukraine pour l’été. Or, Athènes a adopté une stratégie qui doit lui permettre d’accueillir nombre de visiteurs.
La Grèce mise sur une meilleure saison touristique que l’an dernier, malgré la guerre en Ukraine et ses conséquences: l’explosion des prix et la perte de centaines de milliers de touristes russes et ukrainiens qui affluaient ces dernières années, surtout sur ses îles et le nord du pays. «Nous avons déjà eu 600’000 annulations de réservations russes et 240’000 ukrainiennes», rapporte Lysandros Tsilidis, président de l’Union des opérateurs grecs du tourisme, soulignant qu’à ce stade, «les pertes s’élèvent à 700’000 euros (près de 715’000 francs, ndlr)».
À l’instar de ses partenaires européens, Athènes a condamné l’invasion russe en Ukraine, le 24 février, avant d’expulser douze diplomates russes travaillant dans le pays. Et ce en dépit de liens historiques entre la Russie et la Grèce, pays chrétiens orthodoxes.
La guerre en Ukraine affectera en particulier la fréquentation touristique en Crète, où 10% des touristes traditionnels «étaient russes et ukrainiens»: «Cette clientèle ne sera pas remplacée», déplore Nikos Halkiadakis, président de l’Union des hôtels d’Héraklion, chef-lieu de la plus grande île grecque.
Deux fois plus de visiteurs qu’en 2021?
Toutefois, après deux ans de pandémie, le gouvernement et les professionnels du tourisme se veulent rassurants. Pour Nikos Halkiadakis, «le retour à la normale doit l’emporter et on espère une meilleure saison» que l’an dernier. «Les experts de l’industrie du tourisme s’attendent à une multiplication par deux du nombre d’arrivées cette année», insiste Sofia Zacharaki, secrétaire d’État au Tourisme. Et «la saison a déjà montré une image très encourageante, qui nous permet d’être optimistes».
Le ministre du Tourisme, Vassilis Kikilias, s’est félicité, lundi, «de la réussite de la stratégie gouvernementale visant à ouvrir la saison touristique avant l’été». Le nombre des arrivées pendant les vacances de Pâques a augmenté à Athènes et Thessalonique par rapport à l’an dernier, «des chiffres qui justifient nos efforts».
Pour booster son tourisme, qui représente près de 25% du PIB, la Grèce a commencé dès février à lever les restrictions contre le Covid-19: le test de dépistage à la frontière n’est plus obligatoire pour les voyageurs munis d’un certificat de vaccination européen. À partir du 1er mai, le pass sanitaire ne sera plus requis dans les restaurants, bars et magasins. Quant au port du masque, il ne sera plus obligatoire dans les espaces clos dès le 1er juin.
Fortes hausses: +70% pour l’énergie, +28% pour les boissons
Mais l’industrie touristique est «l’un des secteurs les plus directement affectés par les crises» telles que guerres et pandémies, souligne Sofia Zacharaki. «Après avoir vécu le pire ces deux dernières années (pour cause de coronavirus, ndlr), nous n’avons plus peur, même si le rythme de la reprise du tourisme est lent dans toute l’Europe en raison de la guerre en Ukraine», explique Lysandros Tsilidis, qui craint que la flambée des prix «change la donne»…
C’est que les prix de l’énergie ont augmenté de «70%, la restauration et les boissons de 28%», soupire Nikos Halkiadakis.