Présidentielle américaineLe monde des affaires parie sur Nikki Haley comme alternative
L’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU gagne du terrain au sein du Parti républicain. Le monde économique apprécie qu’elle soit plus prévisible que Donald Trump.
![Parmi de nombreux patrons, Nikki Haley est considérée comme plus prévisible que Donald Trump et plus favorable aux intérêts des entreprises que Joe Biden. Parmi de nombreux patrons, Nikki Haley est considérée comme plus prévisible que Donald Trump et plus favorable aux intérêts des entreprises que Joe Biden.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/12/10/06ea5d18-9e5f-419f-b77c-1c3e1f40d213.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=b66471fe8de499c8d4e8ff7df336d89e)
Parmi de nombreux patrons, Nikki Haley est considérée comme plus prévisible que Donald Trump et plus favorable aux intérêts des entreprises que Joe Biden.
AFPAux États-Unis, un nombre croissant de personnalités du monde économique déclarent leur soutien à la candidate à la primaire républicaine américaine Nikki Haley, considérée comme plus prévisible que Donald Trump et plus favorable aux intérêts des entreprises que Joe Biden.
«Même si vous êtes un démocrate très à gauche, je vous le demande: aidez Nikki Haley, vous aussi. Faites émerger une meilleure option que Trump côté républicain», a récemment plaidé Jamie Dimon, PDG de la banque JPMorgan Chase, parfois considéré comme le patron le plus puissant des États-Unis.
Depuis un mois environ, la liste des entrepreneurs et dirigeants d’entreprises qui se rangent derrière l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, contribuent financièrement à sa campagne ou envisagent de le faire, ne cesse de s’allonger. Parmi eux, Charles Koch, l’un des plus gros donateurs en politique, ou l’investisseur Stanley Druckenmiller, tous deux multimilliardaires. «Je pense qu’initialement, beaucoup de gens du monde économique se tenaient en retrait, attendaient d’avoir plus de visibilité parmi les candidats», explique David Primo, professeur de sciences politiques à l’Université de Rochester.
«Prête à respecter des limites, plus que d’autres»
À moins de 10%, fin octobre, dans les sondages pour la primaire républicaine de l’Iowa, la première du calendrier, le 15 janvier, Nikki Haley ressort désormais à près de 18% et fait quasiment jeu égal avec Ron DeSantis (autour de 19%).
«Elle a été impressionnante lors des débats», souligne David Primo, et «le monde de l’entreprise s’inquiète de l’instabilité potentielle que créerait une nouvelle présidence Trump». «Il semble qu’elle soit prête à respecter des limites, plus que d’autres», analyse Daniel Kinderman, professeur à l’Université du Delaware. «Et c’est quelque chose que les responsables économiques apprécient plutôt. Ils n’aiment pas trop les coups de folie.»
L’ancienne ambassadrice américaine auprès des Nations unies prône des baisses d’impôts, un retour progressif à l’équilibre budgétaire, et le relèvement de l’âge minimum de départ à la retraite. «Elle veut de l’orthodoxie budgétaire et s’inquiète de la dette. C’est une ligne républicaine traditionnelle», résume Michael Strain, de l’American Enterprise Institute. «Elle a été gouverneure d’un État de 2011 à 2017 et était vue comme favorable aux entreprises en Caroline du Sud», évoque David Primo. «Elle sait comment interagir avec les dirigeants.»
«Une Américaine qui respecte la démocratie»
La quinquagénaire commence même à attirer des démocrates, comme l’investisseur Reid Hoffman, cofondateur du réseau LinkedIn. «Nikki est une politicienne compétente, une Américaine qui respecte les institutions, la démocratie et l’État de droit», a-t-il récemment expliqué lors d’un entretien au magazine «Barron’s».
Certains s’interrogent sur la fracture que pourraient causer ses liens avec le monde des affaires par rapport à l’électorat populaire. «N’êtes-vous pas un peu trop proche des banques et des milliardaires pour convaincre la base ouvrière, qui veut s’en prendre au système, pas élire quelqu’un qui en est issu?» lui a ainsi demandé, lors du débat de mercredi, la journaliste Megyn Kelly.
«Pour ce qui est de ces gens du monde économique qui veulent, soudainement, nous soutenir, je prends, mais je ne leur demande pas quelle politique ils voudraient mener. Ce sont eux qui m’interrogent sur mon programme», a contré Nikki Haley.
Un sondage lui donne un meilleur résultat face à Biden que Trump
Au-delà des différences politiques avec Donald Trump, «les patrons s’inquiètent de la capacité de l’ancien président à être élu» lors du scrutin présidentiel, selon Michael Strain. Un récent sondage de l’institut Harris donnait ainsi un meilleur résultat potentiel pour Nikki Haley face à Joe Biden que pour Donald Trump, sans compter que les multiples procédures judiciaires visant l’ancien chef de l’État font planer une menace sur sa campagne.