Hockey sur glace: Merci quand même, Werner Kohler

Publié

Hockey sur glaceMerci quand même, Werner Kohler

Ancien président de la Fédération suisse, le Lucernois est décédé. Il avait été englué dans une affaire de pots-de-vin. Mais il avait aussi réussi un coup de génie qui a changé le hockey suisse.

Emmanuel Favre
par
Emmanuel Favre
Werner Kohler (à gauche) avait recruté Ralph Krueger (à droite) comme sélectionneur de l’équipe de Suisse.

Werner Kohler (à gauche) avait recruté Ralph Krueger (à droite) comme sélectionneur de l’équipe de Suisse. 

Andy Mueller/freshfocus

L’affaire Kohler. Il y a 21 ans, le 24 décembre 2002, le hockey suisse était confronté au plus grand scandale de son Histoire. Président de la Ligue Suisse de Hockey sur Glace (LSHG), comme elle s'appelait à l’époque, Werner Kohler avait touché un million de francs, sous forme de pots-de-vin, dans le cadre de la conclusion d’un contrat commercial.

Le Lucernois avait démissionné sur le champ, reconnu les faits, répondu de ses actes devant la justice avant d’être blacklisté par le petit monde du palet helvétique.

L’ancien hôtelier établi à Davos, où il avait été président du club rhétique de 1989 à 1996, est décédé le 4 janvier 2024. Il avait 78 ans.

Sur son site Internet, Swiss Ice Hockey a l’élégance de rendre un bref hommage de trois lignes à un homme qui n’a pas que nui à l’image de notre hockey.

Parce que, Werner Kohler, ce n’était pas que l’affaire Kohler.

La fin du yoyo

Werner Kohler, cela a aussi été un coup de génie dont l’audace a probablement permis à l’équipe nationale de devenir sérieuse, crédible et de s’inventer un autre avenir que le sempiternel yoyo entre les première et deuxième divisions internationales.

Werner Kohler est l’homme qui, un jour d’été 1997, a eu la lumineuse idée d’offrir le poste de sélectionneur national à Ralph Krueger, un Germano-Canadien de 38 ans quasi inconnu du grand public. Un sélectionneur qui, en 13 ans de règne, a changé la mentalité des joueurs, des suiveurs et des spectateurs. Un gaillard qui a rendu possible l’impossible. Un technicien qui a réellement mis le hockey suisse sur une autre carte que celle qui s’étend de Genève à Kreuzlingen et de Bâle à Chiasso.

En 1998, lors de du premier tournoi officiel du Général Ralph, le Mondial à Zurich et à Bâle, la Suisse ne comptait qu’un seul mercenaire: le jeune gardien fribourgeois David Aebischer qui venait de livrer quelques matches avec Chesapeake et Wheeling au troisième échelon du hockey nord-américain (ECHL). En 2010, lors de son dernier tournoi officiel, les Jeux olympiques de Vancouver, la Suisse comptait quatre hommes établis en NHL et un en Suède et avait chipé au point au Canada de Sidney Crosby.

Aujourd’hui, on rouspète si la Suisse s’incline en quarts de finale des compétitions les plus huppées. Avant que Werner Kohler ne nous fasse découvrir Ralph Krueger on aurait été heureux que la Suisse perde à ce stade de la compétition.

Elle n’atteignait jamais, ou éventuellement sur un malentendu, ce niveau de compétition.

Pour ça, donc, merci M. Kohler.

Ton opinion