Hockey sur glaceJO 2022: la National League entre dirigeants inquiets et joueurs motivés
Les directeurs sportifs romands sont préoccupés par l’idée de voir plusieurs de leurs éléments se rendre en Chine. Au contraire des joueurs suisses, à croire leur représentant, Jonas Hiller.
- par
- Jérôme Reynard
«Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas laisser partir mes joueurs aux Jeux olympiques de Pékin si la NHL en fait de même.» C’est ce que déclarait le coach suédois de Frölunda, Roger Rönnberg, en fin d’année dans les colonnes du Göteborgs-Posten, cité par Blick.
La (forte) réaction s’inscrit dans un contexte où la première division suédoise continuera à se dérouler durant les JO. Et où Frölunda sera l’un des principaux pourvoyeurs de la sélection nationale en l’absence des stars de NHL.
La situation n’est pas comparable au sein de la National League, qui se mettra en pause pendant les Jeux. Mais quelques dents grincent également en Suisse, notamment du côté des dirigeants, face à la perspective de voir certains de leurs joueurs se rendre en Chine, où les éventuels cas positifs devront présenter deux tests négatifs en l’espace de 24 heures au moins pour pouvoir quitter l’isolement. Cela, en sachant que le sprint final du championnat helvétique se lancera le mardi suivant le week-end des matches pour le bronze et l’or olympiques.
«Que mes gars partent dans des conditions incertaines, je n’aime pas ça», avance Christian Dubé (FR Gottéron). «Je ne suis pas hyperserein», abonde Martin Steinegger (Bienne). «Il y a effectivement des craintes, même si le régime des potentielles quarantaines semble plus souple que celui qui avait filtré il y a quelques semaines, confirme Marc Gautschi (GE Servette). Au-delà des incertitudes de base (blessures), le risque que des cas se déclarent en fin de tournoi et qu’on soit privés de plusieurs joueurs suisses ou étrangers au moment d’entrer dans le vif du sujet en vue des play-off existe.»
«On aimerait avoir des assurances sur ce qui sera mis en place, une vision claire, chose que pour l’heure on n’a pas, regrette John Fust (Lausanne). Ce n’est pas idéal. D’autant qu’au LHC on compte un certain nombre de candidats aux Jeux, qu’on prenne les Suisses, les renforts importés ou les étrangers à licence helvétique. Ça peut faire beaucoup.»
Pas le choix
Les directeurs sportifs des équipes romandes susceptibles d’enregistrer des convocations pour les JO ont les mêmes préoccupations. Ils se rejoignent également sur la fatalité de la situation. «C’est compliqué et, à force, le contexte du Covid avec tout ce qu’il implique en général depuis des mois est usant, mentalement. On n’a pas d’autre choix que gérer au jour le jour», peste Christian Dubé.
«Dans le cas des JO, on a surtout des obligations auxquelles on doit se soumettre», précise Martin Steinegger. Pour faire court, Swiss Ice Hockey est tenu de participer aux Jeux (à l’instar des autres fédérations européennes) et les clubs n’ont pas le droit de bloquer leurs éléments. Impossible d’imaginer un renoncement général à la sauce NHL.
Joueurs rassurés
Les joueurs auront toutefois la possibilité de refuser leur sélection de leur côté. Mais à écouter Jonas Hiller, la tendance est plutôt contraire chez les Suisses. «Certains ont eu peur lorsque des rumeurs évoquant des quarantaines pouvant durer jusqu’à trois à cinq semaines sont sorties, admet le président de l’association des joueurs. Mais depuis, nous avons pu échanger avec Swiss Olympic et Swiss Ice Hockey. Et il s’avère que selon les dernières informations, le régime des éventuels isolements sera bien moins imposant.»
«La seule véritable incertitude qu’ont les gars aujourd’hui concerne les reports qui s’enchaînent en National League et la question de savoir comment ces matches seront rattrapés dans un calendrier déjà serré, poursuit l’ancien gardien. Pour ce qui est de Pékin, les internationaux vivront dans une bulle qui sera sans doute plus sûre que le quotidien ici en Suisse.»
Les refus ne semblent donc pas à l’ordre du jour. «Beaucoup tueraient pour aller ne serait-ce qu’une fois aux JO. Et avec le retrait de la NHL, des possibilités se sont ouvertes. J’ai eu la chance de participer à trois Jeux olympiques, je sais ce que ça représente. C’est clair que les conditions ne seront pas idéales en Chine, mais ça va rester des JO, une expérience et un tournoi immenses, retransmis partout dans le monde.»