FootballCommentaire: Constantin ne lâchera pas «son» FC Sion comme ça
Qu’adviendra-t-il du club valaisan au printemps 2024? Alors que les fronts se durcissent avec le Collectif Tourbillon, il nous étonnerait que le boss passe vraiment la main. Voici pourquoi.
- par
- Nicolas Jacquier
Faut-il nécessairement croire Christian Constantin lorsqu’il affirme son intention de se désengager financièrement du FC Sion à partir de juin 2024? À moitié seulement. Sans doute le boss de Tourbillon a-t-il pris conscience de la nécessité d’envisager autrement son rôle de mécène, sans forcément totalement l’abandonner. Ce n’est pas pour autant qu’il se déboulonnera lui-même, et aussi facilement, d’un rôle qu’il interprète depuis un quart de siècle. Claironner son départ, c’était surtout pour lui une manière de réveiller les consciences et d’alerter le pouvoir politique local sur la vétusté des installations sportives en Valais…
À nos yeux, l’imaginer aujourd’hui vouloir réellement passer la main en quittant la lumière représente une pure hérésie. Cela équivaudrait à tuer le personnage qu’il s’est construit. Quand on vit, pense et aime le FC Sion aussi viscéralement que celui qui en est l’émanation, on n’abandonne pas la passion d’une vie comme ça.
On le sait, le flou entourant l’avenir structurel du club valaisan a donné le coup d’envoi d’une bataille pour sa reprise. Un Collectif Tourbillon a même été créé, regroupant quelque 2000 membres sympathisants derrière un comité de pilotage. Drapés dans une flopée d’intentions fort louables, ses initiateurs défendent notamment l’idée d’une gestion participative. Si le mouvement met en avant des pistes de réflexions intéressantes, on y colporte aussi, faute de réelle transparence, pas mal de naïveté par rapport à la réalité économique.
Bisbille épistolaire
Entre Christian Constantin et le Collectif Tourbillon, l’heure n’est d’ailleurs plus aux sourires de façade. Après quelques aimables échanges ayant permis de lister les points de convergence (que Sion reste en mains valaisannes en est par exemple un), les fronts se sont désormais méchamment durcis. Ainsi le boss de la Porte d’Octodure a-t-il haussé le ton en début de semaine en demandant à voir de quel bois se chauffaient ses interlocuteurs, notamment concernant leur surface financière. À grand renfort de communiqués, il en résulte une bisbille épistolaire s’affichant jusque sur le site du club valaisan.
Pour la première fois, il a même été question de chiffres, autrement dit du prix d’une très hypothétique reprise. Dans son dernier courrier, à peine moins virulent que le précédent, Christian Constantin reprend à son compte les trois variantes possibles dans autant de catégories différentes - Promotion League, Challenge League et Super League - tout en leur associant des budgets de fonctionnement, soit respectivement 3,5 millions, 9 millions et 28 millions de francs par saison. Des sommes évidemment conséquentes, lesquelles comprennent l’apport personnel des (futurs…) dirigeants, à savoir 500’000 francs (17% du budget) pour la 3e division, 4,5 millions (50%) pour la deuxième et 12,2 millions (43%) pour figurer dans l’élite helvétique.
Un rôle consultatif?
La démonstration arithmétique peut certes prêter à palabres s’agissant des chiffres avancés, elle n’en démontre pas moins que les beaux discours d’intention ne remplaceront jamais l’argent nécessaire pour pérenniser le FC Sion dans la durée. Si rapprochement il y a eu ces dernières semaines, on devrait probablement en rester là, avec un projet de rachat qui risque de faire pschitt en se dégonflant comme une baudruche. Tout au mieux le Collectif Tourbillon, qui, dans sa réponse, s’est défendu de vouloir reprendre le club, pourrait-il tenir un rôle consultatif, lequel ne serait pas inutile dans une nouvelle structure restant à définir.
Si d’autres repreneurs potentiellement intéressés existent sans doute, il s’avère qu’aucun n’est pour le moment sorti du bois. L’un dans l’autre, il nous surprendrait que Christian Constantin, connaissant son attachement sentimental à une institution qu’il porte financièrement depuis 25 ans, tourne la page et s’efface sans exiger de solides garanties en retour. Or, ces garanties, personne ne semble en mesure de les lui fournir.
Tout laisse donc à penser que le boss de Tourbillon continuera à faire la même chose en allongeant les billets, encore davantage si Sion devait retrouver la Super League le printemps prochain. Tout au plus peut-on l’imaginer le faire peut-être juste différemment.