Ligue des champions de hockeyEn immersion dans la folie de la fanzone des Vernets
Plusieurs milliers de personnes ont vibré à l’unisson devant l’exploit européen de Genève-Servette, mardi soir, sur le parking de la patinoire.
- par
- Ruben Steiger - Genève
Il est 17 h à la gare de Cornavin. Un homme d’une cinquantaine d’années fume une cigarette et boit une bière. Habillé d’une tenue de Genève-Servette, il attend le tram. La destination? L’enceinte des Vernets, où va se tenir, dans un peu plus de deux heures, la finale de Ligue des champions entre les Aigles et Skelleftea. Tout au long du trajet de la ligne numéro 15, des supporters montent pour rejoindre la patinoire et ses alentours.
Dans la rue de l’École de médecine, l’ambiance ne laisse peu de place au doute. Genève trépigne d’impatience. Les fans, portant pour la plupart un maillot du club, s’arrêtent prendre un verre dans les bars pour se mettre en condition ou évacuer la pression avant ce duel à l’enjeu immense.
Un début de soirée timide
Trente minutes avant l’ouverture de la fanzone, à 17 h 30, l'atmosphère est encore relativement calme sur le parvis de la cathédrale des Vernets. Les odeurs de saucisses grillées et de pizzas indiquent l’arrivée toute soudaine des spectateurs. À l’intérieur de la patinoire, on règle les derniers détails. Les Aigles s’échauffent, les équipes de sécurité effectuent leur briefing et les représentants de la CHL préparent les médailles.
Il est 19 h 15. La zone est inondée de monde. Les files d’attente pour entrer dans la patinoire sont interminables et toutes les bonnes places devant l’écran géant sont prises. La fanzone est remplie à environ 75%. La tension grimpe d’un cran à 19 h 22, lorsque les Grenat entrent sur la glace.
Le son d’ambiance de la patinoire est diffusé à l’extérieur. «C’est une bonne idée, nous glisse un fan, on se croirait presque à l’intérieur, ça permet de mieux vivre la rencontre.» Quelques supporters assidus entonnent le Cé qu’è lainô en même temps que le kop qui se situe à une cinquantaine de mètres. Mais ce début de soirée est assez timide.
Des fumigènes et des bières qui volent
Elle sera véritablement lancée grâce à l’ouverture du score d’Eliot Berthon. Les premières bières volent, le drapeau genevois est brandi dans la foule et un fumigène (le premier d’une longue série) est allumé. L’odeur si caractéristique de ce type d’engins reste dans l’air plusieurs minutes.
Les sourires et la joie ont remplacé la crispation du début de match. Huit minutes plus tard, survient le premier silence. Skelleftea vient d’égaliser et la crainte réapparaît sur les visages de la majorité des 5000 suiveurs.
Tout cela ne dure pas très longtemps, le GSHC réussit une fin de période exceptionnelle en marquant deux fois. L’ambiance change totalement de dimension. La fanzone s’enflamme et répond au mythique «Aux Armes» du Parterre Nord. «Ils nous font encore rêver, comme le 27 avril 2023», exulte un supporter persuadé que la victoire sera genevoise.
Le match est encore long et Jussi Olkinuora doit s’employer juste avant la sirène. «Pierrot m’a dit qu’on avait engagé le meilleur gardien du monde», s’interroge un homme d’environ 40 ans.
Un afflux de gens pour le troisième tiers
Avec un score de 3-1, l’atmosphère est bon enfant. Le sosie de Gauthier Descloux fait son apparition (recroisé plusieurs fois, on peut confirmer qu’il ne s’agissait pas du troisième gardien du GSHC).
Plus les minutes s’égrainent, plus la fanzone se remplit. Alfonso Gomez, le maire de la Ville nous déclarait lundi: «Ce genre d’événement permet de fédérer toute une communauté qui va vibrer à l’unisson pour la même chose.» Il avait raison, la mixité genevoise était présente pour voir triompher son équipe.
La crainte refait surface au début du troisième tiers. Pas à cause du résultat, mais de l’écran géant qui donne quelques signes de faiblesse. «Oh non, ce n’est pas le moment», s’énerve un monsieur. Il tiendra, tout comme la défense de Genève-Servette face aux assauts de Skelleftea.
«Servette on fire»
Les cinq dernières minutes sont irrespirables. La fanzone lance le décompte des dix dernières secondes. La délivrance survient à 21 h 47. Après son titre de champion suisse, Servette est champion d’Europe. À cet instant, un festival de fumigènes et de feux d’artifice démarre. Un deuxième interviendra à 22 h 05 lorsque Tanner Richard et Noah Rod brandissent ensemble la coupe.
Les parfums de bière, de cigare, de cannabis et de fumigènes s’entrechoquent. Les gens commencent à s’amasser devant le bus réservé aux champions, sur lequel une bâche est déroulée. Au bout d’une heure d’attente, les héros arrivent enfin. La communion entre l’équipe et son public est belle et rappelle celle du 27 avril.
Pour le peuple grenat, ce genre de soirées va gentiment devenir une habitude. D’autant plus que dans son discours, le capitaine Noah Rod a promis «d’autres coupes dans les années à venir.»
Mais avant l’avenir, il faut penser au présent et à la fête. «Les joueurs sont obligés de faire la fête toute la nuit, rigole le directeur sportif Marc Gautschi. Et mercredi aussi s’ils le veulent.»
C’était en tout cas très bien parti grâce au tube de Gala (Freed from desire) transformé en «Servette on fire».