Secret storyLa santé de Vladimir Poutine: info ou intox?
Le président russe souffre-t-il d’une maladie? Les spéculations se renforcent depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les questions autour de la santé des chefs d’État ont de tout temps relevé de secrets d’État très bien gardés. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est celle de Vladimir Poutine qui est au centre de toutes les attentions. En particulier depuis son apparition le 21 avril dernier face à son ministre de la Défense Sergueï Choïgou dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux.
Où sont donc passées la superbe et la tenue altière de l’envahisseur? On le voit s’accrocher fermement de sa main droite à la table qui sépare les deux hommes. La gauche est plus mobile, parfois il la dépose sur sa jambe, parfois sur le bureau attenant. La mine renfrognée, affalé dans son fauteuil, statique, le président russe donne une image qui a fait flamber les spéculations.
Réalité ou stratégie?
Vladimir Poutine est-il souffrant? Réalité ou stratégie? Nos confrères du Parisien ont fait le point sur toutes ces rumeurs qui circulent et qui circulaient déjà bien avant le conflit, mais qui n’ont de cesse d’enfler en temps de guerre. The Sun l’évoquait déjà en novembre 2020. Cancer de la thyroïde, maladie de Parkinson, troubles paranoïaques? Sur BFMTV, le journaliste russe Roman Badanin, réfugié aux États-Unis, affirme que le locataire du Kremlin est entouré d’une importante «quantité de médecins depuis cinq à sept ans» et que l’un de ses «accompagnateurs les plus réguliers» est «un spécialiste du cancer de la thyroïde».
La Russie nie
La Russie a toujours contesté toute maladie grave qui pourrait affecter le discernement de Vladimir Poutine. «On découvre souvent des choses bien après, dans les archives», explique Pierre Grosser, professeur d’histoire des relations internationales à Sciences-po Paris, au Parisien. Pour Bruno Cabanes, historien et professeur à l’Ohio State University, «La guerre donne naissance à une profusion de fausses nouvelles et de rumeurs, parmi elles celles concernant la santé. Il s’agit de montrer que l’opposant est affaibli et de donner un sens à la guerre elle-même, la violence étant interprétée comme l’expression d’une pathologie individuelle, celle du chef d’État».
Renseignements sur le pont
Ainsi une supposée maladie pourrait expliquer le déclenchement de la guerre en Ukraine, explique encore le professeur d’histoire Pierre Grosser à nos confrères français: «Il y a sûrement plusieurs personnes qui travaillent sur le sujet, tous les services de renseignements américains et occidentaux doivent être sur le pont. Pour Saddam Hussein, des déclarations, des photos, des vidéos avaient été compilées. Puis on a fait venir des psychologues, des médecins, pour essayer de savoir de quoi il pouvait souffrir physiologiquement et si ça pouvait avoir un impact psychologique».
«Une manœuvre pas exclue»
Pas de communication officielle du Kremlin, tout est dès lors possible. L’apparition récente de Vladimir Poutine dans cette posture jugée inquiétante pourrait aussi être de l’ordre d’une stratégie bien huilée, met en garde le professeur Grosser: «Il pourrait s’agir d’une manœuvre ayant pour but d’engendrer des spéculations, afin que les Occidentaux se disent par exemple qu’il faut vite traiter avec le président russe. Ce n’est pas exclu».