NigerUltimatum aux putschistes: retour à la normale ou recours à la force
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont décidé lors d’un «sommet extraordinaire» de laisser une semaine aux putschistes pour un retour à la normale, n’excluant pas «un recours à la violence».
La pression s’accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort proclamé du Niger, le général putschiste Abdourahamane Tiani, à l’origine de la chute de Mohamed Bazoum, séquestré depuis quatre jours. Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un «recours à la force».
La Cédéao a notamment demandé «la libération immédiate» du président Bazoum et le «retour complet à l’ordre constitutionnel en République du Niger», selon les résolutions lues à la fin de ce sommet extraordinaire présidé par le chef d’Etat nigérian Bola Tinubu. Si ces demandes ne «sont pas satisfaites dans un délai d’une semaine», la Cédéao «prendra toutes les mesures nécessaires» et «ces mesures peuvent inclure l’usage de la force», selon ces résolutions.
Finalement, les dirigeants de la Cédéao ont également décidé la suspension «immédiate» de «toutes les transactions commerciales et financières» avec le Niger et le gel des avoirs des putschistes, selon les résolutions lues à la fin de ce sommet extraordinaire.
«Plan d’agression»
Le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n’est pas membre de la Cédéao, mais voisin du Niger, a également été convié à ce sommet, et est arrivé dans la matinée à Abuja. Dimanche matin, la junte issue du putsch a dénoncé cette rencontre régionale qui a pour «objectif», selon elle, «la validation d’un plan d’agression contre le Niger».
Elle y voit la menace d’une «intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l’organisation et certains pays occidentaux», selon un communiqué lu par un membre de la junte, Amadou Abdramane, à la télévision nationale.
Des sanctions et ultimatums ont déjà été décidés par d’autres pays. La France a annoncé samedi suspendre son aide au développement au Niger, qui s’est élevée à 120 millions d’euros en 2022. Quant à l’Union africaine (UA), elle a posé vendredi un ultimatum de 15 jours aux militaires pour rétablir «l’autorité constitutionnelle». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a, lui, assuré Mohamed Bazoum de «l’indéfectible soutien» de Washington, attestant que le coup d’État mettait en péril le «partenariat» entre les États-Unis et le Niger.
Pivot antijihadiste
Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est l’un des pays les plus pauvres au monde, vaste territoire désertique d’une population de quelque 20 millions d’habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées de la planète. Niamey est aussi le dernier allié avec lequel la France entretient un partenariat dit de «combat» contre les jihadistes, dans cette région minée par l’instabilité, la précarité et les attaques. Paris compte actuellement quelque 1500 militaires au Niger, qui opéraient jusqu’ici conjointement avec l’armée locale.
Le général Tiani, proclamé chef de l’État par ses pairs, a justifié le coup d’État de mercredi par «la dégradation de la situation sécuritaire». Tout en qualifiant d'«appréciable» le soutien des «partenaires extérieurs» du Niger – la France et les États-Unis (1100 soldats américains) faisant partie des principaux – il leur a demandé de «faire confiance (à ses) Forces de défense et de sécurité (FDS)».
Condamnation internationale
Le putsch mené par ce haut gradé discret a été vivement condamné par les partenaires occidentaux de Niamey, plusieurs pays africains et l’ONU, qui ont demandé la libération de Mohamed Bazoum. Le ministre de l’Énergie du président déchu, Ibrahim Yacouba, a lui invité la Cédéao et l’UA à lutter pour «la libération sans délai» de Mohamed Bazoum et la reprise de ses fonctions.
Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d’État depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960. La région, elle aussi, est instable, le pays étant le troisième à connaître un coup d’État depuis 2020 après l’arrivée des militaires au Mali et au Burkina Faso.
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