Formule 1Malgré le désastre de Zandvoort, la Scuderia est heureuse du résultat!
Abandon de Charles Leclerc, pneus pluie pas prêts dans les stands, plus de pneus disponibles pour Carlos Sainz, cinquième: à une semaine de Monza, le week-end néerlandais a été catastrophique pour Ferrari. Mais curieusement, le patron est satisfait…
- par
- Luc Domenjoz Zandvoort (PB)
«On a bien géré»
Après chaque Grand Prix, dans l’un des motorhomes de Ferrari, Frédéric Vasseur, le nouveau patron de la Scuderia depuis le 1er janvier, tient un petit point presse pour donner son ressenti de la course qui vient de terminer. Mercedes fait de même, généralement, sauf qu’hier, Toto Wolff est parti prendre son avion pour rentrer chez lui, à Monaco, sans attendre les journalistes – c’est un jet privé, il aurait pourtant pu lui demander de patienter!
Pour Ferrari, le Grand Prix des Pays-Bas s’est avéré assez désastreux. Aux qualifications, les deux monoplaces se sont placées sixième (Carlos Sainz) et neuvième (Charles Leclerc).
En course, les averses qui se sont abattues sur le circuit à deux reprises n’ont pas aidé: au début de course, quand Charles Leclerc est rentré pour passer aux pneus pluie, ceux-ci n’étaient pas prêts. Bien sûr, le Monégasque a reconnu avoir pris sa décision tardivement, il était quasiment dans la voie de ralentissement au moment où il a prévenu le stand qu’il arrivait - et le garage Ferrari compte parmi les premiers, au tout début de la pit-lane, ce qui n’a pas aidé.
Toutefois, on voyait bien qu’il tombait des cordes dans les stands, et toutes les écuries adverses avaient préparé les gommes pluie. Pas chez Ferrari. Il fallut donc un certain temps avant que les roues puissent être sorties du garage et montées sur la Ferrari de Charles Leclerc. «On a perdu du temps, oui, peut-être cinq secondes, reconnaît Frédéric Vasseur, le patron. Mais on en aurait perdu bien plus si Charles était resté en piste un tour de plus. L’équipe a bien réagi.» Soit.
La voiture de Charles Leclerc souffrait de toute façon d’un autre mal: suite à un contact avec une McLaren (le Monégasque ne savait pas laquelle), l’aileron avant de la Ferrari s’était en partie détaché et avait passé sous la monoplace, endommageant sérieusement son fond. «On espérait une interruption de la course au drapeau rouge, explique Frédéric Vasseur. Ça nous aurait permis de réparer le fond. Mais ce drapeau ne venait pas, et on a fini par demander à Charles d’abandonner…»
Du côté de Carlos Sainz, sur l’autre Ferrari, ce n’était guère mieux: «Pour Carlos, le week-end a été un peu chaotique, poursuit le patron. On avait utilisé tous les pneus disponibles avant même la dernière partie des qualifications. En course, on n’a donc pu lui chausser que des pneus usés, et on savait qu’il n’aurait pas la partie facile. Compte-tenu de ces événements, il a plutôt bien géré en retenant Lewis Hamilton.» Mais comment avoir utilisé tous les pneus avant les qualifications et ne rien garder pour la course? Surprenante gestion.
Une cinquième place constitue donc le maigre butin ramené par Ferrari de Zandvoort. Pas terrible à une semaine du rendez-vous le plus important de la saison, à Monza…
Toto Wolff reconnait une grosse boulette
Comme pour toutes les écuries, les stratégies de course sont décidées en partie par un groupe d’ingénieurs basé à l’usine. Pour Mercedes, il s’agit du RSR, le «Race Support Room» – «salle de soutien des courses» –, situé à Brackley, en Angleterre. Dans des cas de pluie intermittente, comme à Zandvoort, il faut pourtant être sur place pour se rendre compte de l’intensité des averses, le radar météo ne suffit pas.
Chez Mercedes, en tout cas, on a très mal interprété la façon dont la pluie a inondé le circuit en début de course. Alors que George Russell, au volant, disait qu’il pleuvait trop pour rester en pneus lisses, son ingénieur lui répondait que «la pluie allait cesser sous peu», lui demandant de rester en piste. Idem pour Lewis Hamilton.
Résultat: les deux Mercedes se sont fait doubler par tous leurs adversaires passés en pneus pluie. Elles se traînaient, quasiment à la dérive, avant finalement de s’arrêter tout de même… au moment où les averses ont effectivement cessé et la piste commencé à s’assécher. Au troisième tour, Lewis Hamilton était ainsi pointé bon dernier.
De son côté, George Russell s’est retrouvé 18e sur 20, alors qu’il était parti troisième sur la grille. «Je visais le podium… Comment est-ce qu’on a pu être mauvais à ce point?», a-t-il demandé dans sa radio de bord.
Depuis ce moment, les deux pilotes n’ont plus eu qu’à remonter leurs manches et les positions. Après une course assez exceptionnelle, Lewis Hamilton terminait ainsi sixième, juste derrière Carlos Sainz qu’il aurait pu doubler s’il avait pu utiliser son DRS (le Drag Reduction System, le dispositif de réduction de la traînée de l’aileron arrière). Mais ce dispositif est interdit sur piste mouillée.
Juste avant de quitter le circuit, Toto Wolff, le patron de l’écurie, a admis les erreurs de Mercedes. «Pendant les quinze premiers tours, on a fait faux tout ce que nous pouvions faire faux. Ensuite, ce fut le retour au boulot, on a remonté tant que nous pouvions. En fait, la voiture était même très rapide aujourd’hui, même si ça ne se voit pas dans les résultats. Mais je préfère une voiture rapide et de mauvais résultats qu’une voiture lente et un podium.»
Pendant ce temps-là, l’écurie Red Bull avait changé les pneus de ses deux voitures… huit fois pendant la course! Et le plus souvent, pile au bon moment. «Un mélange de chance et de risques calculés», reconnaissait Christian Horner, le patron de Red Bull, après la course. La chance est décidément toujours du côté de ceux qui prennent les bons risques!