FootballIls sont déjà en train d’offrir le titre à Servette
Les adversaires des Grenat ne cessent de leur tresser des lauriers. Plus que gagner ses matches, le SFC convainc qu’il peut tenir tête à Young Boys jusqu’au bout.
- par
- Florian Vaney
Sous la contrainte, peut-être que René Weiler parlerait. Et encore… Peut-être que l’entraîneur du Servette FC dirait ses rêves, ses espoirs. Peut-être qu’il évoquerait sa fierté de se trouver aux commandes du seul contradicteur à Young Boys sur la route du titre. Peut-être qu’il oserait se projeter, rien qu’un peu, sur ce printemps grenat de tous les possibles.
Le fait est que personne à notre connaissance ne prévoit de torturer le technicien genevois, et c’est tant mieux. Et que dans la réalité, il préfère se murer dans le silence, manier la langue de bois dans chacun de ses contours. C’est le jeu, il n’y a pas à lui en vouloir. Que ce soit vrai ou non, René Weiler dit n’accorder aucune importance au classement actuel. C’est qu’autour de lui, il y a bien assez de monde pour le faire.
Affronter Servette, se rendre compte d’un phénomène
Servette n’est pas encore champion de Super League. Il n’est même pas en tête du championnat. Mais il l’a été: une grosse vingtaine de minutes dimanche, entre la fin de son match gagné face au Lausanne-Sport et le premier but d’YB face à Bâle. L’arrêt sur image a suffi à offrir une dimension supplémentaire aux aspirations de gloire genevoises.
Depuis quelques semaines, les Servettiens ne font pas qu’engranger de précieux points dans la quête d’un retour du titre en Romandie 25 ans après. Ils convainquent. Se frotter aux Grenat actuellement, c’est faire l’expérience d’un tour de force. Et pendant que René Weiler le concocte et se terre dans le silence, ses adversaires tressent des lauriers à son équipe.
Cela a commencé par Delémont il y a deux semaines. La victime des Grenat en quarts de finale de la Coupe de Suisse n’était pas la première à complimenter le Servette version 2023/2024. Même José Mourinho y est allé de son bon mot, en marge du double affrontement avec la Roma en Europa League. Mais les Jurassiens se sont permis d’articuler les choses sans pincettes: «On est très chanceux de recevoir la meilleure équipe de Suisse», avait osé le président des SRD, Frédéric Montefusco, la veille du match. Une part de flatterie existe. Elle ne suffit pas à dénaturer le message.
Ludovic Magnin même pas frustré
Une semaine plus tard, c’est Peter Zeidler qui faisait rougir le grenat. Au cours d’un exercice inhérent aux conférences de presse d’après-match: articuler un maximum de compliments à l’égard de l’adversaire, qu’il soit vainqueur ou vaincu. L’entraîneur du FC Saint-Gall peut se montrer très inspiré à ce jeu-là. Après avoir subi la loi du SFC, il lâchait: «René ne va pas être content, mais je sens Servette capable de devenir champion.»
Dimanche à la fin du derby lémanique, Ludovic Magnin s’est montré un poil moins péremptoire dans ses déclarations. Mais le coach du Lausanne-Sport a fait preuve de plus d’inventivité que les autres dans ses louanges. «Servette est l’équipe qui nous a le plus gêné cette saison. Après un match, je rentre souvent à Lausanne frustré parce qu’on s’est incliné en étant la meilleure équipe sur le terrain. Pas aujourd’hui.»
De quoi lui faire dire à lui aussi que le futur champion s’appelle Servette? Presque. «L’équipe est en route pour réaliser beaucoup de belles choses cette saison, dans ses différents objectifs.» À l’entente de ses mots, l’enveloppe externe de René Weiler n’a pas bronché. À l’intérieur, sans doute que les contours d’une satisfaction commencent à se dessiner.